Le 03-08-2008, Zenica, BOSNIE-HERZEGOVINE
Je m'arrête dans un parc, où je mange un morceau sur un banc. Je vois des arbres, quelque personnes que j'intrigue plus ou moins qui le traversent. Ce parc n'est pas très bien entretenu. Non, ce parc n'est pas aussi bien entretenu que les parcs dont j'ai l'habitude en France. Les fleurs sont rares, les pavés sont défoncés un peu partout par les racines des arbres. Il semble dépérir. Etrangement, il est aussi plaisant qu'un "joli" parc. Un jeune homme m'aborde alors que je désinfecte une petite plaie. Je ne sais plus comment décrire ces moments "magiques" où quelque chose de profond se passe sans que l'on puisse l'expliquer. Nous ne parlons absolument aucune langue en commun mais l'impression de le comprendre était si forte. Son désir de communiquer semble animer tout son corps. J'ai l'impression qu'il a une multitude de questions à me poser. En lui souriant, je sens dans une poche de pantalon, le "Phrasebook" (petit livre de poche contenant la traduction d'expressions courantes). Je le sors et le lui tends. Nous passons plusieurs minutes à parcourir ce livre. Nous n'apprenons pas grand chose l'un sur l'autre mais il me quitte visiblement satisfait de cette rencontre. Moi aussi.
En fin d'après-midi, je me trouve de l'autre côté de la ville au bord d'une route à attendre qu'une voiture s'arrête. Après une heure, je décide d'y aller à pied. Je retrouve sur le chemin un jeune bosniaque, un boulanger de 18 ans que j'avais déjà croisé un peu plus tôt. Cette fois-ci, je l'aborde et lui demande où la route mène. En apprenant que je veux aller à pied à Sarajevo et que je ne sais pas où je vais dormir, il a l'air inquiet. D'après lui je ne risque rien mais il ne veut pas me laisser partir. Je lui demande pourquoi, il n'est pas capable de répondre. Il me dit de le suivre, c'est ce que je fais. Son anglais est très basique. Il m'amène dans un hôtel; nous retraversons la ville dans l'autre sens. Il aurait voulu m'héberger mais sa mère et sa soeur auraient peur de dormir avec un étranger. Je lui pose des questions sur sa religions, il est musulman. Il n'a pas les mots pour s'expliquer; il regarde et fait des signes vers le ciel et la terre puis vers le centre de sa poitrine. Il me répète plusieurs fois qu'il doit venir avec moi car ils ne parlent pas anglais dans l'hôtel où l'on va. Ce qui s'avère être faut. Je dois rester prudent concernant ce que me raconter les personnes. Quelqu'un peut paraître sûr d'elle et avoir tord. L'hôtel est tenu par des russes qui parlent très bien l'anglais. Une ambiance très différente.
"Je peux regarder l’objet du désir, éprouver le désir, et m’en tenir là, sans aucune interférence de la pensée."
J. Krishnamurti
J. Krishnamurti