Ankara, TURQUIE
Le 3 juin 2008, village de La Rosière...
Je m'installe à peine et dors pendant 13 heures.
En me réveillant je ne sais plus où je me trouve. Cela m'arrive fréquemment depuis que je dors rarement plusieurs fois dans le même lieu. Il pleut toujours.
Je commence par aller voir le proprio, Philippe. C'est un breton de Loudéac très sympa - 'breton' et 'sympa', pardon pour le pléonasme ;o). Je suis étonné du nombre de bretons que je croise. Il se trouve dans la montagne pour une femme prof' de ski et guide. Cela ne l'empêche pas de retourner à la mer. Il déplace des bateaux à travers l'Europe à l'occasion pour d'autres personnes.
Le camping est en harmonie avec l'environnement naturel. Si je me souviens bien, toutes les constructions sont en bois et il les a construites lui même. On y trouve une piscine qui est chauffée par des panneaux solaires. La buanderie est également chauffée de cette manière.
Nous discutons quelques minutes, je finis par lui raconter mon projet. Il a un ami qui est parti aussi en Inde il y a plusieurs années, il y est resté. Il me propose de passer une nuit de plus sans payer.
Le soleil se lève, la pluie a cessé de tomber.
Je loge dans une petite cabane en bois dont je suis tombé sous le charme.
C'est une petite cabane qui me donne envie d'en construire une et d'y vivre.
Nous avons passé peu de temps ensemble mais j'ai l'impression de bien le connaître. C'est un mec débrouillard et solide. J'apprends que sa femme vient de faire une rupture d'anévrisme il y a 3 semaines; elle est restée plusieurs jours dans le coma. J'ai un beau-frère qui s'est fait renversé par une voiture, je ne le connaissais pas encore. Il est resté dans le coma plusieurs jours également. Après des mois de rééducation, de courage et de patience il a retrouvé une vie normale. Il est professeur d'EPS, il a trois enfants dont la mère est exceptionnelle - c'est ma soeur :oD. Je raconte à Philippe cette histoire. J'espère l'avoir aidé même s'il ne semblait pas en avoir besoin.
Dans le centre du village, un boulanger me donne deux petites pizzas, deux pains au chocolat et deux croissants. Il me propose ensuite de dormir dans un appartement qu'il loue habituellement. Je refuse car j'ai déjà accepté la proposition de Philippe. Ce boulanger me rappelle un ancien collègue de boulot, Paulo. Ils ont le même regard. Ce phénomène arrive de plus en plus souvent; a moins que j'en prends simplement conscience. J'ai rencontré un lama au Bost qui me rappelait Vincent Texier encore un ancien collègue de travail. A tel point que je me suis demandé s'ils n'étaient pas frère. J'en profite pour adresser un bonjour spécial à toutes les personnes qui ont travaillées avec moi.
Enfin bon, revenons à notre histoire et le petit Saint-Bernard. Ce matin là, je me lève tôt bien motivé pour franchir la frontière italienne. Je retardais involontairement cette échéance car je redoutais que la langue rende le voyage moins facile et moins agréable. J'ai avec moi un petit guide pour parler un minimum l'italien. J'ai appris quelques phrases par-cœur. Avant de quitter le village je vais dire au revoir au boulanger qui en profite pour me donner un autre croissant.
Je marche durant 8km avant le col du petit Saint-Bernard. Sur le chemin, je discute avec un photographe sur un air de repos. Il est allé en Inde il y a plusieurs années. Il me donne l'adresse d'un centre de yoga en Inde, un Ashram. Les paysages sont beaux, je me sens respirer face a tout cet espace, tout ce vide.
Altitude 2188m
Je m'arrête dans un restaurant où je tente de m'exercer en italien... ils parlent français. Je vais donc devoir attendre. Je demande s'il est possible de manger pour 10 euros, le boss réfléchit et me répond oui. Je mange des pâtes à la bolognaise.
J'arrive le même jour au village de La Tuile en Italie où je campe dans un parc proche d'un court d'eau.
"La solitude est crée par la pensée" J. Krishnamurti