samedi 27 septembre 2008

Le col du petit Saint-Bernard


Ankara, TURQUIE


Le 3 juin 2008, village de La Rosière...
Je m'installe à peine et dors pendant 13 heures.

En me réveillant je ne sais plus où je me trouve. Cela m'arrive fréquemment depuis que je dors rarement plusieurs fois dans le même lieu. Il pleut toujours.

Je commence par aller voir le proprio, Philippe. C'est un breton de Loudéac très sympa - 'breton' et 'sympa', pardon pour le pléonasme ;o). Je suis étonné du nombre de bretons que je croise. Il se trouve dans la montagne pour une femme prof' de ski et guide. Cela ne l'empêche pas de retourner à la mer. Il déplace des bateaux à travers l'Europe à l'occasion pour d'autres personnes.

Le camping est en harmonie avec l'environnement naturel. Si je me souviens bien, toutes les constructions sont en bois et il les a construites lui même. On y trouve une piscine qui est chauffée par des panneaux solaires. La buanderie est également chauffée de cette manière.

Nous discutons quelques minutes, je finis par lui raconter mon projet. Il a un ami qui est parti aussi en Inde il y a plusieurs années, il y est resté. Il me propose de passer une nuit de plus sans payer.

Le soleil se lève, la pluie a cessé de tomber.


Je loge dans une petite cabane en bois dont je suis tombé sous le charme.



C'est une petite cabane qui me donne envie d'en construire une et d'y vivre.


Nous avons passé peu de temps ensemble mais j'ai l'impression de bien le connaître. C'est un mec débrouillard et solide. J'apprends que sa femme vient de faire une rupture d'anévrisme il y a 3 semaines; elle est restée plusieurs jours dans le coma. J'ai un beau-frère qui s'est fait renversé par une voiture, je ne le connaissais pas encore. Il est resté dans le coma plusieurs jours également. Après des mois de rééducation, de courage et de patience il a retrouvé une vie normale. Il est professeur d'EPS, il a trois enfants dont la mère est exceptionnelle - c'est ma soeur :oD. Je raconte à Philippe cette histoire. J'espère l'avoir aidé même s'il ne semblait pas en avoir besoin.

Dans le centre du village, un boulanger me donne deux petites pizzas, deux pains au chocolat et deux croissants. Il me propose ensuite de dormir dans un appartement qu'il loue habituellement. Je refuse car j'ai déjà accepté la proposition de Philippe. Ce boulanger me rappelle un ancien collègue de boulot, Paulo. Ils ont le même regard. Ce phénomène arrive de plus en plus souvent; a moins que j'en prends simplement conscience. J'ai rencontré un lama au Bost qui me rappelait Vincent Texier encore un ancien collègue de travail. A tel point que je me suis demandé s'ils n'étaient pas frère. J'en profite pour adresser un bonjour spécial à toutes les personnes qui ont travaillées avec moi.

Enfin bon, revenons à notre histoire et le petit Saint-Bernard. Ce matin là, je me lève tôt bien motivé pour franchir la frontière italienne. Je retardais involontairement cette échéance car je redoutais que la langue rende le voyage moins facile et moins agréable. J'ai avec moi un petit guide pour parler un minimum l'italien. J'ai appris quelques phrases par-cœur. Avant de quitter le village je vais dire au revoir au boulanger qui en profite pour me donner un autre croissant.

Je marche durant 8km avant le col du petit Saint-Bernard. Sur le chemin, je discute avec un photographe sur un air de repos. Il est allé en Inde il y a plusieurs années. Il me donne l'adresse d'un centre de yoga en Inde, un Ashram. Les paysages sont beaux, je me sens respirer face a tout cet espace, tout ce vide.
Altitude 2188m


Je m'arrête dans un restaurant où je tente de m'exercer en italien... ils parlent français. Je vais donc devoir attendre. Je demande s'il est possible de manger pour 10 euros, le boss réfléchit et me répond oui. Je mange des pâtes à la bolognaise.

J'arrive le même jour au village de La Tuile en Italie où je campe dans un parc proche d'un court d'eau.


"La solitude est crée par la pensée" J. Krishnamurti

mardi 23 septembre 2008

Danse le monde

Istanbul, TURQUIE


Bon, aujourd'hui ce sera un peu différent. Comme vous pouvez le constater, je me trouve toujours à Istanbul. J'attends le visa pour l'Iran; c'est un peu plus compliqué que prévu. J'ai également tenté de faire une demande de visa pour la Syrie; sans succès. Ils veulent une lettre de recommandation que je ne peux obtenir au consulat de France à Istanbul. Pour avoir cette lettre, je dois retourner à Paris. Je savais que cela pouvait arriver lorsque j'ai décidé de ne pas faire les demandes de visa en France; je suis donc le seul responsable.

Ca me donne l'occasıon de me rendre compte qu'il peut être difficile d'entrer dans certains pays pour un français comme moi. Je ne peux qu'imaginer aujourd'hui ce que cela doit représenter pour les habitants des pays moins populaires. De ce point de vue, j'ai donc bien de la chance d'avoir un passeport européen et de voyager à travers la communauté sans aucun soucie.

Je profite donc de mon séjour forcé pour lire et m'informer. Je suis tombé sur cette vidéo que je voulais partager avec vous juste pour le plaisir.


Where the Hell is Matt? (2008) from Matthew Harding on Vimeo.



"Le pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté. Tout homme qui se laisse aller est triste..." Alain

mercredi 10 septembre 2008

Du Bost à la Rosière... suite


Istanbul, TURQUIE


C'est à Chambery que je croise des éléphants. A la sortie de ville, Jean-Michel me prend en stop. Ancien professeur d'éducation physique et sportive, il est en retraite depuis peu.
Il me dépose à l'entrée de la vallée de la Maurienne, a Montsapey au pied du Grand Arc que je compte gravir le lendemain.

Je passe la nuit à L'auberge le Chaudron, après avoir hésité à camper. La décision fut bien heureuse : un gros orage éclata en soirée avec une averse de grêlons aussi gros que des billes.

Le jeune couple qui tient l'auberge me donnent du pain et un oeuf pour mettre dans la soupe. Le lendemain, je prends la direction du Grand Arc accompagné du soleil. En chemin je croise un trio - deux hommes et une femme. Ils sont légèrement plus jeunes que moi. Nous échangeons quelques mots avant de nous séparer. Je n'arrive pas au sommet, je m'arrête une 20aine de mètres avant. Je n'ai pas prévu suffisamment à manger, je me sens faible. Le chemin me semble risque dans mon état de fatigue. Je fais demi-tour ne voulant pas compromettre ce voyage en me foulant une cheville. Sur la descente, je retrouve les trois randonneurs que j'ai croisés en montant. Ils m'offre une bière et me conduise dans la vallée en voiture.











Je passe la nuit suivante dans un camping abandonné. Le réveille se fait avec la pluie. J'ai tout de même le temps de ranger les affaires et d'enfiler la tenue de pluie avant qu'elle ne tombe à grosses goûtes. Ca dure une grande partie de la journée.

Je rejoins tout d'abord Aiton, l'entrée de vallée de la Tarentaise. J'arrive le soir même a La Rosière, juste après bourg Saint-Maurice à quelques kilomètres de la frontière avec l'Italie. Quatre voitures m'aiderons à avancer ce jour là :
- un jeune garçon membre de l'équipe de France de para-pente (Il a commencé à l'âge de 10 ans dans le cadre d'une étude portant sur les effets de l'apesanteur sur le corps humain. Il m'apprend qu'il participe a des courses qui partent de Suisse pour aller jusqu'à Monaco simplement en para-pente et en marchant. N'est-ce pas merveilleux? Ca me rappelle mes jeux d'enfants qui consistaient a sauter de dalle en dalle. La version pre-adolescente était d'arbre en arbre. Est-ce que la version adulte sera de montagne en montagne?)
- le conducteur suivant, un vendeur de vin qui fait du rafting au moins deux fois par semaine
- un autre jeune plein de projet qui vient chercher son chèque pour la saison d'hiver qu'il a passe dans une station de ski commemanutencier de remonte pentes
- et mon premier conducteur qui semblait ennuyé de me prendre en stop (C'est très étonnant comme situation. Il semblait contraint de le faire. Au moins, pour une fois, je n'ai pas eu à raconter ce que je faisais.

Ce dernier conducteur me propose de me déposer en Italie, à La Tuile. Je refuse car je veux passer la frontière à pied. Il me dépose à la station de ski de La Rosière.

Il pleut depuis ce matin. La fatigue m'a gagné. Parler peut être plus fatiguant que marcher. Je descends au camping. Il n'y a personne. Un numéro de téléphone est inscris sur la porte. J'appelle, le proprio, Philippe répond. Je peux m'installer dans une cabane en bois qui reste toujours ouverte pour les personnes comme moi, qui débarquent sans prévenir :o) - ces derniers mots sont de moi pas de lui.
Je m'installe à peine et dors pendant 13 heures...


"Enjoy the silence" Depeche mode
"Apprécie le silence" Depeche mode

Clique ici pour voir le clip, cela me rappelle quelque chose...

samedi 6 septembre 2008

Du Bost à La Rosière...


Istanbul, TURQUIE


Alors, où en étions-nous? Ah oui, Pristhtina. Reprenons le chemin là où nous l'avions laissé : Le Bost en Auvergne, le 29 juin 2008.

Les deux derniers jours avant de repartir, un kumpo tibétain donnait des enseignements. Un kumpo est une personne qui a étudié les enseignements du Bouddha Gautama durant 12 ans, si j'ai bien compris. Ces sessions étaient très intéressantes, un peu fastidieuses car il s'exprimait en tibétain et nous devions attendre la traduction en anglais puis en français. J'ai également été frustré de pas poser de questions. Il nous avait indiqué que cela était possible mais comme personne ne le faisait je n'ai pas osé. Je le regrette maintenant, à la prochaine occasion j'oserai.



Le départ est plus émouvant que prévu. Certaines personnes me demandent de rester encore quelques jours. Comme je l'avais redouté avant l'arrivée, l'envie de rester est tentante mais le besoin de partir est plus fort.

Je quitte donc le centre bouddhiste et les nouveaux amis avec Anna une jeune femme que j'ai rencontré le jour même. Annaelle, une autre jeune femme pleine d'énergie que je connais depuis l'arrivée au centre, nous accompagne. C'est d'ailleurs grâce à elle que je connais Anna. Je passe donc la nuit dans la maison des parents d'Anna à Clermont-Ferrand, sa mère est psychothérapeute et son père vétérinaire.

Anna se prépare а partir les jours qui suivent pour un pays d'Afrique comme infirmière. Je ne me souviens plus quel est le pays exactement. Si elle à l'occasion de passer sur ce blog elle nous le dira. Avant de nous quitter elle me donne l'adresse d'un autre centre bouddhiste en Suisse ainsi que l'adresse d'un Ashram en Inde. Au Bost, on m'a également conseillé un petit centre bouddhiste dans les montagnes au nord de l'Italie, du nom de Bordo.

Avant de me dire adieu, cette charmante infirmière me dépose à proximité de l'autoroute, proche d'un péage; nous avons cru. J'ai marche 5 km avant qu'une camionnette orange vienne me chercher. Je l'avais oubli : il n'est pas permis de marcher le long des autoroutes; c'est risqué. La personne, amicale bien qu'elle se soit déplacé а cause de moi, accepte de me conduire jusqu'au péage; je crois qu'elle n'avait pas le choix. Mon chauffeur m'apprend qu'il n'y a pas de passage pour se rendre à pieds au péage.

Je prépare le matériel. Rapidement, un homme, la cinquantaine s'arrête; il me conduiras jusqu'а Lyon. D'origine turque, nous discutons entre autres de son pays de naissance. Je serais bien accueilli là-bas me dit-il - "C'est la coutume d'héberger les voyageurs".

L'autoroute n'est pas adapté pour faire du stop; Lyon l'est encore moins. Arrivé dаns cette grande ville en fin de matinée, je profite de ce vent porteur pour continuer l'auto-stop après un rapide repas. Entre temps, le vent avait changé de direction; j'ai du passé plus de deux heures au soleil а attendre en vain que quelqu'un s'arrête. Voilà donc la première épreuve. Un sexagénaire а vélo s'arrête plus ou moins pour me donner un "conseil".

C'est enregistrement peu paraître prétentieux - je le trouve - c'est cependant la façon que j'ai trouvé pour ne pas me laisser démoraliser. Vous noterez également que j'ai utilisé involontairement le mot fertile concernant la discussion au lieu d'infertile. En y réfléchissant, cette rencontre m'a été bien utile; le mot fertile n'est donc pas inadapté pour ma part. Il ne l'ai peut être pas non plus pour cette personne qui sait.

Enfin d'après midi, je renonce et décide de partir а la recherche d'une auberge de jeunesse. J'en trouve une après une bonne monté sur les hauteurs de Lyon. Je ne le regrette pas, la vue est belle. Le prix de l'auberge est moins agréable. Ils m'obligent à prendre une carte de membre à 30 euros en plus du prix du lit. Cette carte serait réutilisable dans d'autres auberges. Je n'ai pas eu le temps de informer. J'espère juste qu'il s'agit d'un projet constructif.

Je rencontre de nombreuses personnes en seulement une soirée et le début d'une matinée : un japonais qui ne parle ni anglais ni français, un garçon de Mompelier qui aime les voyages comme les arts martiaux mais pas autant que les femmes, trois écossais, un jeune français qui cherche а travailler et une jeune ballerine qui veut danser pour s'amuser.
Je reparts donc le lendemain matin après un petit déjeuner pris en compagnie de cette danseuse aux yeux bleus et aux cheveux roux qui me laisse un souvenir doux. En me relisant, je constate que Lorkan a voulu s'exprimer en introduisant ces semblants de rimes. Enfin bon, continuons!

Marqué par l'échec de la veille, je me résous à prendre un train pour sortir de ce piège а auto-stoppeurs. Je monte dans un train pour aller а Chambery. Je faisais du stop pour la Suisse le jour précédent. Le changement de direction est du au simple fait que pour aller en direction de la Suisse je devais changer de gare.

Je vais manger, je vous raconterai la suite demain.


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