dimanche 1 novembre 2009

Une prière à Allah

Le 05-08-2008, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

Ce fut un peu compliqué de venir en bus jusqu'à cette ville mythique. Elle avait dans mon imaginaire l'image d'une ville multi-religieuse, de personnes mélancoliques, fatiguées par la vie, une ville marquée, mutilée par les guerres.

L'américaine

J'ai passé les premières nuits dans l'auberge de jeunesse la plus simple de la ville. Durant les quelques jours que je reste ici, je discute tous les soirs avec un vieux bosniaque. Je le trouve tous les soirs à la même place dans la petite cour. Discuter n'est pas vraiment le mot, je lui dis des trucs dans sa langue les seuls réponses que j'ai sont de larges sourires et des yeux pétillants. Cela me suffit, il semblait éteint avant que je lui parle.

Me voyant parler ainsi au vielle homme, un américain d'une cinquantaine d'année et une américaine d'une trentaine m'invitent à discuter à m'asseoir avec eux. Je ne me souviens plus ce que l'homme faisait, la femme travaillait pour une ONG. Je n'ai pas tout compris, j'avais oublié mes difficultés à comprendre l'américain. Il est étonnant à quel point il est plus facile de comprendre une personne qui ne parle pas anglais de naissance.
J'ai rencontré des exceptions, une australienne et un britannique par exemple qui devaient faire particulièrement attention à l'articulation et au vocabulaire. Enfin bon, cette américaine nous explique que dans son travaille ses collègues s'identifient aux projets, à leur travail.
Si les projets n'aboutissent pas, cela pose des problèmes à de nombreuses personnes. Les décisions qu'ils prennent ne sont alors pas justes du tout. En entendant ces paroles, je me dis que cela ne se passe pas uniquement dans les ONG et que le plus dramatique c'est que je me comporte aussi ainsi.

Une prière à Allah
C'est à Sarajevo
que pour la première fois de ma vie,
j'ai osé entrer dans une mosquée.

Pour les enfants et les autres,
une mosquée c'est comme une église
pour les musulmans.
Les personnes y vont pour prier Dieu
avec des gestes ou des paroles bien précises,
un peu comme une danse ou une poésie
que l'on connaît par coeur.

En plus d'entrer dans ce lieu,
je me suis aventuré au milieu d'une rangée d'hommes.
Mon voisin me faisait signe d'approcher;

ce fut bien difficile
de poser mon épaule contre la sienne
- à l'époque je n'avais pas encore passé 5 mois
dans les bus et les trains indiens.

Un nouveau petit signe
pour me faire avancer à son niveau.
Et voilà, épaule contre épaule des deux côtés
- j'avais deux voisins.

Peu fière de me retrouver là, si proche,
le coeur battant la chamade
sous un flot continue d'émotions.
Et cette impression de les gêner.
Qu'allait il se passer?

Avec peu d'assurance j'imite leurs gestes
On s'assoit sur nos pieds
On pose la tête et les mains au sol
On porte les mains au visage...
J'observe d'un oeil discret mes voisins
surtout pour porter les mains au visage, aux oreilles
je suis en retard, ça m'inquiète

Ils ne semblent pas dérangés.
Je continue, je me détends.
Les enchaînements continuent.
C'est agréable,
ça me fait penser aux exercices de yoga.
Tous ces gestes ne peuvent pas être mauvais
pour le corps.

Avant de quitter ce lieu,
je lève la tête au plafond...

Si je suis entré dans cette mosquée, la raison en est simple : la seule façon de se faire une opinion de quelque chose est de l'expérimenter, sinon on ne fait qu'imaginer mais ce n'est pas la réalité. Je vais vous épargner tout ce que j'avais pu imaginer avant, la réalité est bien plus simple, belle... réelle.

Je n'avais jamais osé faire tout cela car je pensais que c'était un manque de respect. Tout comme je n'avais jamais fait un signe de croix dans une église.


J'ai été si longtemps révolté
de voir des personnes
qui se disaient croyante
et parler pendant que d'autres personnes priaient
et durant les cérémonies.

Je n'avais pas encore compris
que la religion est une affaire personnelle.
Certains vont croire en un Dieu tout puissant,
d'autres à la Nature,
à l'Univers ou encore à la Vie,
à l'Art, à la Musique...

Le plus important n'est pas l'image
que nous donnons à nos croyances
mais que cela nous rend heureux
et nous permet d'accompagner
les autres à devenir heureux.

Dans le prochain article, vous aurez le droit à une aventure qui fait peur :
"Perdu dans la montagne" avec Jean et Antoine. :o)

lundi 12 octobre 2009

La jarre abîmée

Un porteur d'eau indien avait 2 grandes jarres, suspendues aux 2 extrémités d'une pièce de bois qui épousait la forme de ses épaules.

L'une des jarres avait un éclat, et, alors que l'autre jarre conservait parfaitement toute son eau de source jusqu'à la maison du maître, l'autre jarre perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en cours de route.



Cela dura 2 ans, pendant lesquels, chaque jour, le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demi d'eau à chacun de ses voyages.

Bien sûr, la jarre parfaite était fière d'elle, puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin sans faille.

Mais la jarre abîmée avait honte de son imperfection et se sentait déprimée parce qu'elle ne parvenait à accomplir que la moitié de ce dont elle était censée être capable.

Au bout de 2 ans de ce qu'elle considérait comme un échec permanent, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau, au moment où celui-ci la remplissait à la source.

"Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser."

"Pourquoi ?" demanda le porteur d'eau. "De quoi as-tu honte ?"

"Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de ma cargaison d'eau à notre maître, pendant ces 2 ans, à cause de cet éclat qui fait fuire l'eau. Par ma faute, tu fais tous ces efforts, et, à la fin, tu ne livres à notre maître que la moitié de l'eau. Tu n'obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts", lui dit la jarre abîmée.

Le porteur d'eau fut touché par cette confession, et, plein de compassion, répondit : "Pendant que nous retournons à la maison du maître, je veux que tu regardes les fleurs magnifiques qu'il y a au bord du chemin".

Au fur et à mesure de leur montée sur le chemin, au long de la colline, la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil sur les bords du chemin, et cela lui mit du baume au coeur. Mais à la fin du parcours, elle se sentait toujours aussi mal parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau.



Le porteur d'eau dit à la jarre "T'es-tu rendue compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de TON côté, et presque aucune du côté de la jarre parfaite ? C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau, et j'en ai tiré parti.

J'ai planté des semences de fleurs de ton coté du chemin, et, chaque jour, tu les as arrosées tout au long du chemin. Pendant 2 ans, j'ai pu grâce à toi cueillir de magnifiques
fleurs qui ont décoré la table du maître. Sans toi, jamais je n'aurais pu trouver des fleurs aussi fraîches et gracieuses."

Morale de l'histoire : Nous avons tous des éclats, des blessures, des défauts. Nous sommes tous des jarres abîmées.

Certains d’entre nous sont diminués par la vieillesse, d’autres ne brillent pas par leur intelligence, d’autres trop grands, trop gros ou trop maigres, certains sont chauves, d’autres sont diminués physiquement, mais ce sont les éclats, les défauts en nous qui rendent nos vies intéressantes et exaltantes.

Il vaut mieux prendre les autres tels qu’ils sont, et voir ce qu’il y a de bien et de bon en eux. Il y a beaucoup de positif partout. Il y a beaucoup de bon en vous.

Ceux qui sont flexibles ont la chance de ne pas pouvoir être déformés. Souvenez-vous d’apprécier tous les gens si différents qui peuplent votre vie ! Sans eux, la vie serait bien triste.

Merci d’apprécier amicalement mes imperfections – et, plus important pour vous – d’apprendre à aimer les vôtres.

mercredi 23 septembre 2009

Un convoi pour Zenica


Le 03-08-2008, Zenica, BOSNIE-HERZEGOVINE

Je rejoins Zenica à bord d'un convoi de deux minibus italiens en route pour le sud de la Bosnie. Cela m'amuse, je repense au nombre d'italiens qui me sont passés devant sans s'arrêter. Il fallait donc simplement quitter l'Italie pour se faire prendre en stop par un italien. C'est un groupe de jeunes catholiques rayonnant de bonheur. "Ils vont jouer avec des enfants bosniaques", la formule me surprend. Je ne pose pas plus de questions. Je profite de la joie que je ressens à leur contact. Deux jeunes filles me regardent avec de grands yeux plein d'admiration, de grands yeux qui m'aspirent doucement. Un flux de sensations agréables parcourent de façon continu le long de la colonne vertébrale. Je me surprends à espérer qu'ils m'invitent à rester avec eux. Je descends à Zenica. Je me retrouve seul sur le bord de la route, le coeur serré par la perspective de perdre ces sensations. Non, ce n'est plus une perspective, elles ont déjà disparues. Je prends une grande respiration avant de me diriger vers un garagiste pour demander la direction du centre ville. Cette légère mélancolie m'accompagne en arrière plan pendant quelques centaines de mètres. En même temps, je me réjouis de pourvoir observer tout cela. Dans le livre que je lisais à ce moment là, "Se libérer du connu" de J. Krishnamurti, le phénomène de désir est particulièrement bien décrit.

Je me trouve à droite et non pas au milieu
Je m'arrête dans un parc, où je mange un morceau sur un banc. Je vois des arbres, quelque personnes que j'intrigue plus ou moins qui le traversent. Ce parc n'est pas très bien entretenu. Non, ce parc n'est pas aussi bien entretenu que les parcs dont j'ai l'habitude en France. Les fleurs sont rares, les pavés sont défoncés un peu partout par les racines des arbres. Il semble dépérir. Etrangement, il est aussi plaisant qu'un "joli" parc. Un jeune homme m'aborde alors que je désinfecte une petite plaie. Je ne sais plus comment décrire ces moments "magiques" où quelque chose de profond se passe sans que l'on puisse l'expliquer. Nous ne parlons absolument aucune langue en commun mais l'impression de le comprendre était si forte. Son désir de communiquer semble animer tout son corps. J'ai l'impression qu'il a une multitude de questions à me poser. En lui souriant, je sens dans une poche de pantalon, le "Phrasebook" (petit livre de poche contenant la traduction d'expressions courantes). Je le sors et le lui tends. Nous passons plusieurs minutes à parcourir ce livre. Nous n'apprenons pas grand chose l'un sur l'autre mais il me quitte visiblement satisfait de cette rencontre. Moi aussi.

En fin d'après-midi, je me trouve de l'autre côté de la ville au bord d'une route à attendre qu'une voiture s'arrête. Après une heure, je décide d'y aller à pied. Je retrouve sur le chemin un jeune bosniaque, un boulanger de 18 ans que j'avais déjà croisé un peu plus tôt. Cette fois-ci, je l'aborde et lui demande où la route mène. En apprenant que je veux aller à pied à Sarajevo et que je ne sais pas où je vais dormir, il a l'air inquiet. D'après lui je ne risque rien mais il ne veut pas me laisser partir. Je lui demande pourquoi, il n'est pas capable de répondre. Il me dit de le suivre, c'est ce que je fais. Son anglais est très basique. Il m'amène dans un hôtel; nous retraversons la ville dans l'autre sens. Il aurait voulu m'héberger mais sa mère et sa soeur auraient peur de dormir avec un étranger. Je lui pose des questions sur sa religions, il est musulman. Il n'a pas les mots pour s'expliquer; il regarde et fait des signes vers le ciel et la terre puis vers le centre de sa poitrine. Il me répète plusieurs fois qu'il doit venir avec moi car ils ne parlent pas anglais dans l'hôtel où l'on va. Ce qui s'avère être faut. Je dois rester prudent concernant ce que me raconter les personnes. Quelqu'un peut paraître sûr d'elle et avoir tord. L'hôtel est tenu par des russes qui parlent très bien l'anglais. Une ambiance très différente.


"Je peux regarder l’objet du désir, éprouver le désir, et m’en tenir là, sans aucune interférence de la pensée."
J. Krishnamurti

jeudi 3 septembre 2009

Fier comme un camion!


Le 02-08-2008, à la terrasse d'un café à Bosanski Brod, BOSNIE-HERZEGOVINE

Hier fût le jour de mon premier camionneur. Après une promenade d'une vingtaine de kilomètres en campagne toujours sous le soleil, je rejoindre en fin d'après-midi une station essence en bord d'autoroute. C'est là que je l'ai rencontré. Je me tenais bien droit, le sourire au lèvre, l'auto-stop-board à la main — vous vous souvenez? le classeur en plastique que j'utilise comme une ardoise pour inscrire la destination. Détendu; j'avais repéré un terrain réservé aux campeurs pour passer la nuit. C'est à ce moment qu'un grand blond costaud m'adresse la parole sans s'arrêter de marcher et me fait comprendre qu'il reprend la route dans une demi-heure tout en pointant du doigt un magnifique camion rouge. Ce que je prends comme une invitation à y embarquer.

Il mange un morceau, nous buvons un verre ensemble et je me retrouve à deux mètres au-dessus du sol dans la cabine du camion. Je m'étonne de la sensation de domination et de puissance que cela procure. Nous parlons peu, il ne parle pas anglais. Nous essayons de communiquer; c'est bien difficile. Je comprends qu'il est Bosniaque, qu'il rejoint sa femme et son fils dans quelques jours. Pour le reste je ne suis sûr de rien. Nous quittons la Croatie dans la nuit au sud au niveau de Slavonskie Brod. Nous attendons des heures à la frontière alors que les voitures défilent sur les voies d'à côté. Je passe la nuit confortablement allongé sur l'un des lits superposés de la cabine.


Dés le début du trajet il me propose rapidement une cigarette. N'étant pas à l'aise j'accepte pour créer un lien alors qu'au fond de moi je n'en veux pas, mais à ce moment le désir de ne plus me sentir mal à l'aise, de ne plus avoir cette sensation désagréable est plus fort. Avant de nous quitter, il m'offre un paquet que je ne sais pas refuser de crainte de le vexer. Je manque de volonté, je ne sais pas dire non. Si j'apprends à me sentir détendu dans n'importe qu'elle situation je n'aurais plus à accepter de cigarettes, de verre d'alcool ou tout autre palliatif pour essayer de faire disparaître cette sensation. Je ne veux plus être dépendant de cela. Voilà ce que je pense aujourd'hui avec la gorge qui gratte et qui me met de mauvaise humeur. Comment faire pour ne pas oublier tout cela lorsque je ne me sens pas bien, confortable comme je voudrais me sentir tout le temps?

Bosanski Brod est une petite ville bien animée juste au sud de Slavonskie Brod, du côté Bosniaque de la frontière. J'y passe la journée. Quatre jeunes m'invitent en terrasse. Je m'installe avec eux. Ils me proposent une bière. J'avais toujours en tête ce que je viens d'écrire dans le paragraphe précédent; une chance! Après un moment qui m'a semblé duré bien longtemps, je refuse tranquillement. Durant ce moment, j'ai eu l'occasion de voir ce qui s'est passé dans ma tête. Les arguments pour accepter et pour refuser, les souvenir de sensations de détente dues à l'alcool et les maux de tête, se sont enchaînés quelque fois même avec violence. Tout cela mélangé aux réactions négatives qu'un refus pouvait provoquer chez ces jeunes. Dans ce genre de situation, je finissais habituellement par dire "oui" pour faire cesser cette agitation intérieur. Cette fois là j'ai voulu essayer autre chose, le "non" : "I don't drink alcool" — je ne bois pas d'alcool. Rien de toutes les réactions négatives que j'avais imaginées ne se sont produites. Ils ont juste proposé un jus d'orange en s'étonnant simplement que je ne boive pas de bière. En entrant dans le camion rouge, j'ai eu une sensation de domination des autres, cette fois-ci ce fût aussi une sensation de domination mais de moi ou plutôt de cette partie qui se trouve en moi mais en laquelle je ne me reconnais pas.

Je reste un moment à déguster ce jus d'orange comme une victoire. Nous parlons de beaucoup de choses, ce que je pense de leur pays, de ce que je faisais avant de voyager, de ce qu'ils veulent faire plus tard. Ils sont plein d'énergie et bien agréable sauf celui qui se trouve juste à ma droite. Il ne parle pas anglais, les autres traduisent ce qu'il dit en ne manquant pas de me répéter qu'il est fou. Ce garçon me compare à l'un des chefs de guerre qui participa aux génocides dans la région, visiblement à cause de ma barbe. Nous continuons sur d'autres sujets. Mon voisin de droite revient sur ce criminel à plusieurs reprises, il mime des gestes obscènes. Il est visiblement saoul. Je m'étonne de ne pas m'en offenser. Je lui offre à plusieurs reprises des cigarettes du paquet que le camionneur m'a donné certainement pour voir sa réaction. Je finis même par lui donner tout le paquet ce qui ne manque pas de le troubler. Ils me déconseillent tous d'aller à Sarajevo et au Kosovo, les serbes sont dangereux. Le "fou" me fait un signe de la main comme pour se trancher la gorge. Je lui sourie, je leurs sourie. Je leur répond par un simple : "I will see" — je vais voir. Cela les rassura comme j'avais pensé, et c'était vrai je n'avais encore rien décidé.


Pour trouver ce que je cherche, je dois savoir ce que je cherche. Voilà ce que tout le monde semble penser... Est-ce bien là ma Vérité? J'en doute.
Lorkan

jeudi 16 juillet 2009

Des bières, des hommes et des femmes


Le 01-08-2008, en sortant de Zagreb.

La traversé de la banlieue ouest en arrivant m'a laissé un si bon souvenir que je ressors de la ville à pied. J'avais repéré un grand parc sur une carte, je ne l'ai jamais trouvé car je me suis égaré. Je me retrouve au nord-est de Zagreb alors que je pensais prendre la direction de l'est. Ca ne me perturbe pas vraiment. Habituellement, lorsque cela m'arrive ou que je me laisse guidé par les pieds, je fais souvent des rencontres surprenantes : un renardeau dans un champs après une sieste, Khatloona la femme qui embrasse les arbres, une vieille dame bien ronde qui me dit que je me trouve sur la bonne route alors que je ne savais pas où j'allais... Bref, lorsque je me rends compte que je ne me suis trompé, je décide de continuer dans cette direction; c'est l'heure du repas et un pompiste m'a indiqué un restaurant à deux ou trois kilomètres.

A deux ou trois kilomètres, je trouve bien un restaurant au bord de la route à l'entrée d'un village. Je tombe ici dans un "traquenard". A la fin du repas, deux Croate d'une trentaine d'années m'offrent une bière. Je ne les sens pas très à l'aise pour parler en anglais; j'accepte donc pour les mettre en confiance. J'ai bien envie de discuter avec eux. Ce "traquenard" n'en est pas vraiment un, c'est plutôt une faiblesse de ma part. Je bois donc lentement la première pinte de bière tout en discutant. Je leur raconte que je voyage à pied et en auto-stop aussi souvent que possible. Ca les passionne, le plus costaud d'entre eux, un brun avec une bonne tête, me propose une deuxième bière ― la première n'était pas encore terminée. Je commence par refuser, il m'explique que la première c'est son ami qui me l'a offerte et que celle-ci c'est lui; j'accepte ne voulant pas le vexer. Ils me déconseillent fortement d'aller en Serbie. Je leur demande pourquoi. Progressivement j'apprends qu'ils ont vécu comme soldats la guerre de Croatie dans les années 1990?


Parfois confusément sous un rayon lunaire,
Un soldat se détache incliné sur l'eau claire ;
Il rêve à son amour, il rêve à ses vingt ans !

Printemps de guerre
Antoine de Saint-Exupéry


J'entame la deuxième binouze alors qu'ils terminent leur troisième ou quatrième, je ne sais plus. Marco et Alen c'est leurs prénoms, Marco c'est le plus balaise, Alen l'est aussi. Ce dernier a passé quatre mois en prison en Serbie. Je vois et ressens leur émotion. Je leur demande s'ils ont tué des personnes tout en allumant une cigarette qui m'a atterri dans la main ― je n'avais pas fumé depuis des mois. Ils ne dirons rien mais la réponse donnée par leurs yeux humides est claire. Je soupire profondément en leur souriant. Les mots que m'a dit un jour une amie me passent par la tête : "Laisse les autres vivre leurs émotions". La discussion continue sur des sujets divers : l'amour, les femmes, les enfants... Alen insiste plusieurs fois pour que je n'aille pas en Serbie, il s'inquiète.

Nous passons l'après-midi ainsi à discuter et à boire les différents spécialités alcoolisés du pays. Nous chercherons avec Alen un hôtel pas cher que nous ne trouverons pas. Fatigué par les effets de l'alcool et du tabac je me résigne à dormir dans un hôtel bien au-dessus du budget habituel.

Le sommeil est mauvais et le réveille est très difficile, mal de tête et nausée m'accompagnent toute la matinée. J'avance péniblement quelques minutes avec le sac qui me semble peser des tonnes. Je m'assoie en terrasse d'un café. Je regarde une femme brune d'une quarantaine d'années qui passe le balaye. Je me sens attiré. Je commande un coca pour calmer les nausées. Puis apparaît une jeune femme blonde. Elle est joyeuse et semble profondément heureuse. Elle rigole souvent, je ne comprends pas toujours pourquoi. C'est maintenant par cette femme que je me sens attiré. Quel est ce phénomène, je dois le comprendre. Je regarde la femme brune, je me sens encore plus attiré, c'est étrange et agréable. A chaque rencontre je sens ce désire grandir et prendre de plus en plus de place. Ce désire me semble unique, sa source est la même pour tous. Où cela va-t-il me mener?



Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.


Poèmes saturniens
Paul Verlaine

mercredi 8 juillet 2009

Vivre heureux avec Alzheimer?


Aujourd'hui je vais encore une fois interrompre le récit du voyage pour vous parler d'une maladie que l'on nomme Alzheimer. C'est plutôt Daniel et Colette Roumanoff qui vous en parlent. Quelques mois avant mon départ j'ai eu le plaisir d'assister à une conférence où Daniel témoignait de sa façon de vivre cette maladie. Ce sujet me touche particulièrement car ma grand-mère en est atteinte depuis des années. Cette rencontre m'a beaucoup apporté et rassuré, Daniel m'avait montré - comme il l'explique dans la vidéo qui suit - que cette maladie pouvait être vécue de manière heureuse alors que jusqu'alors j'avais uniquement vu la souffrance lié à cette maladie.


Je peux maintenant rendre visite à ma grand-mère dans un état psychique bien différent :o).
Merci à Daniel et Colette

mardi 30 juin 2009

Séjour à Zagreb

Le 31-07-2008, séjour à Zagreb, capitale de la Croatie.

Il y a 2 jours je quittais le petit village de Dobova et mes nouveaux amis en direction de la grande ville Zagreb. Quinze kilomètres les séparent. Voici quelques photos prises sur le chemin.




La Croatie est un pays qui ne fait pas partie de la communauté européenne : ca ne pose pas de problèmes, pas besoin de visa. Les douaniers prennent deux minutes pour vérifier le passeport et me le rendent avec un sourire. Je pense à Alexie, une de mes filleules, c'est son anniversaire aujourd'hui. De Venise, je lui ai envoyé par la poste un masque de carnaval.

Assis sur un banc au milieu d'un parc, je mange un morceau de pain, un bout de fromage et un petit concombre... c'est l'heure du dîner. Des enfants de tout âge jouent tout autour. C'est en repartant que je discute avec un couple de missionnaires protestants venant des États-Unis d'Amérique. La conversation se dirige rapidement vers la religion. Ils m'expliquent qu'ils sont ici pour convertir les catholiques qui se sont "égarés", qui ne comprennent plus les écritures saintes. "Convertir", voici un mot qui ne me plaît pas; je ne les interromps pas, j'ai besoin d'un peu de temps pour m'adapter à cette façon de parler. Je leur demande s'il n'y a pas des protestants "égarés" à aider aux Etat-Unis. Ils ne contredisent pas : "Notre mission est ici, à aider ces personnes qui ont beaucoup souffert durant les récents conflits armés". Je ramasse le bâton de marche que j'avais laissé au pied du banc et je les quitte. Ils me souhaitent bonne route, je les remercie pour la discution. Je me sens léger.

"Ne plus juger ne plus comparer, soi-même autant que les autres, voici les deux premiers pas à réaliser lorsqu'on veut voyager léger."
Lorkan


Je passe la première nuit au bord d'un lac en banlieue après avoir croisé un doux regard qui m'indiqua l'existence de cet emplacement pour camper. Elle en profite pour m'inviter à passer prendre le petit déjeuner dans le bar snack où elle sert ― ce que je ne manquerai pas de faire. Je prends un peu de temps à trouver une place qui convienne. Vous savez, camper est un art si on fait les choses sérieusement. Il faut prendre en compte plusieurs paramètres : la tente doit être au soleil le matin pour sécher rapidement, l'inclinaison du sol doit être correctement choisie sinon on se réveille avec tout le sang dans la tête et plus une goûte dans les pieds... Je vous épargne la liste complète.

Zagreb est une ville charmante où je passe un bon moment. Je dors dans une petite auberge très bien entretenue. Je partage une chambre avec un jeune couple. J'y reste deux nuits. Repos, lessive, repas au restaurant et petites promenades dans les rues voilà mes occupations. Les touristes sont nombreux et l'ambiance est plutôt calme.






Demain, je repars...

mercredi 10 juin 2009

Ariba... Slovenia

...Ces craintes disparaissent rapidement, je suis bien trop fatigué. Je mange et je me couche...

Le 26-07-2008, Slovénie, le lendemain de la nuit passée dans la clairière entre Lipica et Lokev.

Je ne suis pas seul

Ce jour là, mis à part les jambes lourdes à cause de la longue marche de la veille, je me sens en bonne forme. Après un léger déjeuner, je remballe la maison en moins de 23 minutes — je suis habitué maintenant. Quelques minutes de marche suffiront pour faire complètement disparaître ces sensations désagréables dans les jambes. Sur le chemin, je croise un collègue...

Je marche une bonne partie de la journée, je passe au près d'une grotte où beaucoup de touristes s'accumulent. Je ne fais que passer, je ne visite donc pas cette grotte.

Top gun

Un peu plus loin je rencontre des pilotes d'avion en plein exercice!

Deux frères modélistes me proposent de me conduire à un hôtel proche de la route qui mène à Ljubljana, la capitale du pays. J'accepte car il commence à pleuvoir.

Mauvaise route

Le lendemain, rapidement une voiture s'arrête. Je ne comprends pas bien ce que le chauffeur dit. Je monte et je me retrouve à trois kilomètres dans la mauvaise direction. Je reconnais le lieu où il me dépose : c'est la grotte que je ne voulais pas visiter le jour précédent. Je décide donc d'y entrer et de voir ce qu'elle me réserve. C'est peut être pour une bonne raison que je suis revenu ici sans le vouloir — cette façon de voir les choses me permet de rester détendu. Une dizaine de jours plus tôt c'était mon anniversaire, cette visite sera mon cadeau. Agréable moment, je me laisse guider par le mouvement du groupe mené par une jeune femme qui nous donne les explications. Je constate que je traîne un peu plus que les autres. Je me sens bien jeune face à ces structures souterraines qui ont nécessité des millions d'années pour se former. Ces décors sont bien reposants et calmants.

Article sur wikipedia
Site web officiel

Encore une fois

Après le repas du midi, je retourne à pied à l'endroit où j'ai pris cette voiture qui m'a conduit dans la mauvaise direction. Trois petits kilomètres qui facilitent la digestion. A un péage, en moins de 20 minutes un couple hollandais/slovène m'accompagne jusqu'à Postojna où ils vont voir un spectacle médiévale. Nous discutons facilement en anglais; le risque de me faire mal comprendre est bien plus faible cette fois-ci. Ils me déposent à un nouveau péage où une nouvelle voiture s'arrêtera au bout d'une petite demi-heure. Je me réjouis de la facilité à faire du stop dans ce pays. A droite une carte pour situer la Slovénie en Europe et ci-dessous l'itinéraire que j'ai suivi grosso modo.



Ariba ariba

Cette fois-ci c'est une petite super cinq blanche — j'ai l'impression de retrouver ma première voiture. A l'intérieur je trouve Joseph qui connaît quelques mots d'anglais et de français aussi ainsi que son frère François qui lui parle uniquement slovène. Ils doivent avoir tous les deux autour de la quarantaine. Ils me font traverser tout le pays jusqu'à Dobova au bord de la frontière croate. Ils reviennent du festival médiévale de Postojna. Joseph est boulanger, son frère travaille au guichet de la gare ferroviaire. Joseph est très heureux de me connaître. Il chante dans une chorale à l'église. Avec cette chorale il est déjà allé chanter en France — il aime beaucoup ce pays; il me chante des chansons françaises.

Ils auraient voulu m'héberger mais ils vivent avec leur mère — leur père est décédé il y a longtemps. Elle serait inquiète de dormir avec un inconnu dans la maison. Nous cherchons alors une chambre pour moi. Nous allons d'abord dans un hôtel mais il est fermé. Sur le parking nous rencontrons par hasard Barbara et Eliot. Barbara est la tante de Joseph et François. Elle est slovène d'origine. Alors qu'elle était étudiante, Elle a rencontré Eliot un italien, ils sont tombés amoureux, se sont mariés et ont vécu un peu en Angleterre et depuis en Italie. Ils étaient tous les deux professeur d'anglais; ils sont maintenant à la retraite. Depuis, ils vivent entre Rome et Dobova, le village où Barbara est née. Eliot retape la maison où sa femme a passé son enfance. Il y a trés longtemps, il lui avait promis de racheter et réparer cette maison. Durant l'influence Russe et le régime totalitaire de la période communiste de la Slovénie, sa maison avait été prise par les autorités de l'époque car son père était un opposant à ce régime. Je crois qu'il a été déporté. Ils ne m'ont pas raconté cela sur le parking; c'est durant les deux jours que j'ai passé avec eux que j'ai appris tout cela. Sur ce parking d'hôtel qui n'avait pas de chambre libre, Joseph a expliqué avec beaucoup de passion ma situation à Barbara et Eliot. Je ne me souviens pas leur avoir dit grand chose mis à part bonjour avant que Barbara propose à son mari de m'héberger dans la nouvelle chambre dont ils venaient de terminer l'aménagement. Je me rappelle juste d'un échange de regard. Alors voilà comment je me suis retrouvé à passer deux jours dans une petite maison de campagne dorloté et chouchouté par ces nouveaux amis qui prenaient soin de moi comme leur propre enfant.Je les quitte en leur promettant de rester prudent et de leur écrire une carte postale des Indes — ce que je n'ai pas manqué de faire. Encore une fois, je ressens cette sensation de tristesse devenue familière et finalement plus vraiment désagréable. Je les embrasse et me lance à pied sur la route vers la frontière avec la Croatie et le poste de douane que l'on a repéré en vélo avec Eliot le jour précédent.


"Je réalise en Slovénie que l'euro, la monnaie, est pour moi un symbole. L'euro représente la disparition des frontières qui séparaient les hommes qui vivent maintenant dans la communauté européenne."


"Connaître le caractère irréel du passé et permettre au présent d'être tel qu'il est."
Eckhart Tolle

lundi 1 juin 2009

Engagement


Me voilà de retour en Bretagne depuis quelques jours.

J'ai pris la décision de continuer à vous raconter ici ce que j'ai vécu durant ce voyage. Je m'engage donc à écrire au moins un article tous les 15 jours.


Les mots de Lorkan - engagement

J'ai longtemps cru qu'un engagement était une décision irrévocable. Je pensais que rien ne pouvait justifier qu'on le rompt. Pour cette raison je ne prenais pas d'engagement. Efficace et radical.

Un beau jour, en Syrie, j'ai rencontré Mirna à Mar Moussa. Elle m'a fait voir les choses autrement.

"L'engagement est une aide pour se motiver à tenir une décision que l'on a prise. Un engagement est un moyen pour nous donner de la force et du courage."


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mercredi 29 avril 2009

Lorkan l'explorateur

Pokhara, NEPAL


Vous avez aimé l'histoire de Bonnie and Clain? Ça vous a plu vous en demandez encore? Alors voici l'histoire de Lorkan!


Je vous avais promis de vous dire qui est Lorkan depuis un bon moment maintenant – depuis la création de ce blog exactement. Ça ne méritait peut être pas de vous faire attendre aussi longtemps, j'espère ne pas vous décevoir. Mais comme me dit un ami britannique : "C’est bien frustrant pour nous de te suivre de façon retardé, mais tu as raison de ne pas passer tout ton temps là-dessus, et d’écrire seulement quand tu sens inspiré.".

Alors voilà, cela a commencé au cours de l'année 2000 si je me souviens bien. Lorkan est un personnage de jeu de rôle, un simple personnage imaginaire – c'est ce que j'ai d'abord cru. Je ne devrait pas utiliser le mot "simple" lorsque je parle d'imagination car l'imagination est plus complexe que l'on croît. A cette époque je ne savais pas que l'imagination seul peut rendre heureux ou malheureux.

Connaissez-vous les jeux de rôles? Si oui, vous pouvez passer au paragraphe suivant – je connais quelques adeptes parmi les lecteurs de ce blog. Un jeu de rôle rassemble deux ou trois joueurs jusqu'à plusieurs centaines voire des milliers. Le guide du jeu dirige la partie; il assure que les règles sont respectées. Il déroule les actions des personnages et les événements de l'histoire. Chaque joueur a un personnage qu'il va faire évoluer dans ce monde imaginaire. On commence donc par créer les personnages en définissant des caractéristiques, des compétences et un équipement. Le joueur peut choisir une partie de ces paramètres, l'autre partie est tiré au sort – avec des dés par exemple. Et voilà, la partie peut commencer.
Pour plus d'information vous pouvez visiter l'article de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_r%C3%B4le

Les premiers jeux de rôle auxquels j'ai participé se jouaient entre ami dans une chambre d'étudiant à Lannion – ville où j'ai passé deux ans à étudier l'informatique et la création de logiciels. C'était pour moi – pour mes amis aussi je crois – un palliatif pour satisfaire un besoin de faire autre chose que de rester enfermé dans une salle de classe toute la journée. Nous n'en avions pas bien conscience. Je n'avais pas le courage de faire ce que j'avais vraiment envie, je ne n'avais pas le courage de faire différemment des autres, de faire différemment de ce qui était la norme. Je n'en n'avais pas encore conscience car une trop grande peur de l'avenir me cachait tout cela.

Le jeu de rôle où Lorkan est né se nomme Cyborn dont le monde était de type médiévale fantastique – un peu comme le seigneur des anneaux de Tolkien. Ce jeu se jouait en ligne sur Internet. Je pense qu'il n'existe plus aujourd'hui. Lorsque j'ai créé Lorkan, j'ai décidé qu'il serait humain – d'autres races étaient disponibles tel que les hobbits, les elfes, les nains et les acmens. Un peu plus d'une centaine de personnes y participaient.

Au début Lorkan est resté dans les villes. J'ai voulu lui trouver un travail pour pouvoir acheter un super équipement : une belle épée, un beau casque magique... pour avoir le personnage le plus fort comme tout le monde. Je ne lui avais donné aucune compétence qui permettait de travailler dans un atelier ou un commerce, il s'est donc retrouvé garde. Au file du temps je décidait des missions auxquelles Lorkan participait. Au début je voulais le laisser en ville mais rapidement je me suis senti attiré par les missions d'exploration de ce monde imaginaire. Il n'est donc pas devenu le plus fort des personnages de ce jeu mais il est devenu ce que je desirais vraiment... un voyageur qui explore le monde.

J'ai joué à ce jeu durant 4 ou 5 ans, par la suite je me surprenais régulièrement à repenser à ce jeu, aux différentes missions d'explorations en forêt, en montagne à travers les mers, à la rencontre des villageois ou de créatures bien étranges en compagnie d'autres joueurs – les guides avaient une imagination très fructueuse. Puis j'y ai progressivement pensé de moins en moins, jusqu'à ne plus y penser du tout...

Jusqu'au jour où je cherchais un nom pour ce blog, quelques jours avant le départ. Je cherchais un titre depuis deux jours déjà, aucun ne me satisfaisait vraiment. J'étaie seul dans la maison d'Ingrid et Laurent – les amis qui m'ont hébergés juste avant de partir. Cette maison se trouve dans un village à la campagne, c'était le début de l'après-midi, j'écoutais les oiseaux siffler depuis... depuis je ne sais pas combien de temps. J'étais bien calme, je ne pensais plus vraiment, j'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu le tronc d'un vieille arbre qui m'a fait repenser à Lorkan l'explorateur. Je me suis senti triste, mélancolique, l'envie de pleurer est venu alors j´ai laissé les larmes couler... c'était bon, c'était si bon – comment ai-je pu m'interdire de pleurer si longtemps? Puis le vide, j'avais compris que durant toutes ces années je n'avais pas fait ce que je voulais faire, ce que je devais faire : explorer, découvrir, vivre ma vie! La seul chose qui m'en empêché était la peur. Lorkan n'est donc rien d'autre que moi sans les peurs.


(fr)"Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi."

(en) I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me. And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path. Where the fear has gone there will be nothing. Only I will remain.

Dune - Franck Herbert

mercredi 8 avril 2009

Mais où est-elle?

Uttarkashir, Uttarakhand, INDES


Le 25-07-2008, quelque part entre l'Italie et la Slovénie...

Le guide linguistique dans la poche, la carte de randonnée à la main, je quitte Trieste d'un bon pied. La frontière n'est pas bien loin, de l'autre côté de la colline qui borde la ville. Je marche quelques heures à travers une forêt peu dense. Je passe la frontière sans m'en rendre compte – depuis l'adhésion à l'union européenne, les postes de douanes sont fermés. Je réalise plus tard que la toute petite maison que j'avais repérée comme un abri potentiel pour la nuit était en fait l'ancien poste de douane.

Lors d'une halte dans un café-bar du petit village de Trebiciano, un couple d'anciens globe-trotteurs nostalgiques engage la conversation. "Trotteurs" est un mot qui ne me plaît pas; trotter ça va bien trop vite. Dans le même bar, je discute avec deux slovènes, peintres en bâtiment qui parlent et comprennent très bien l'anglais. Ils partent en payant mon verre sans me le dire.

Ce jour là, je marche plus de 35 kilomètres. Je suis d'abord motivé par la traversé de cette frontière – chaque entrée dans un nouveau pays est une grande satisfaction. J'arrive en fin d'après-midi, un peu par hasard, au golf de Lipica. Je discute avec un ancien et une réceptionniste qui sont encore une fois bien étonnés par ce projet. Ils me donnent de l'eau. Il n'est malheureusement pas autorisé de camper sur les terrains du golf. Je fais de nombreuses rencontre dans les villages. Il faut rester prudent concernant leurs indications; elles ne sont pas toujours pertinentes. Ils n'indiquent pas toujours le chemin le plus court et le plus agréable. Ils ont tendance à oublier que je n'ai pas de voiture et que je me déplace à pied. Suivant ces indications, je fais donc des détours sans le vouloir. J'avais repéré une grotte sur la carte, j'espérais pouvoir y passer la nuit. La nuit s'annonçait, je décide de prendre un raccourci et je me perds dans une carrière de pierres; je suis contraint de faire demi-tour.

Je finis tout de même par arriver a cette grotte. Une mauvaise surprise m'y attendait, sur le grand panneau a l'entrée du site touristique, il est indiqué qu'il est formellement interdit de camper. La pelouse est si verte et ces arbres si jolis, je ne de rangerai personne et je me lèverai tôt demain; personne ne saura que j'ai campé ici. Malheureusement un couple pic-nique là et me confirme que je ne peux passer la nuit ici. De plus il y a une maison juste à côté. Je donc fais demi-tour.
Je ne suis pas trop déçu car à moins de 500 mètres de là j'avais repéré une petite clairière au bord de la route. Je ne suis pas bien rassuré au début, il fait nuit, des chauves-souris volent bas, j'entends une chouette et des bruits derrière les talus. Je plante la tante au milieu de la clairière juste derrière un bosquet qui permet de ne pas être vu de la route et de rester à distance des talus.. Je fais tout de même un rapide tour du terrain – je suis là pour mieux me connaître; observer les peurs en fait partie. Ces craintes disparaissent rapidement, je suis bien trop fatigué. Je mange et je me couche...


"Lorsque je suis fatigué de marcher, je vole."
Lorkan

vendredi 13 mars 2009

Le pirate de la Dune Verte

Athithi Ashram, Tiruvannamalai, TamilNadu, INDES


23-07-2008
Dune Verte

Alexandro, c'est comme cela qu'on l'appelle. C'est un pirate, le plus terrible de la méditerranéenne. Oui je vous l'assure. Vous connaissez "Le Pirate Des Caraïbes", le film? Alors vous connaissez le capitain Jack Sparrow! Et bien, c'est lui. Il tient un fast-food à l'entrée d'un camping. Quoi? Qu'est-ce que fait un pirate dans un camping? Vous en avez des questions. J'ais pas moi. J'lui ai pas demandé; je ne voulais pas attirer les ennuis. De toute façon c'est lui qui posait les questions pas moi.

J'avais marché toute la matinée sous un soleil de plomb, la faim me tiraillée les entrailles, je n'avais pas mangé depuis... des heures – 3 ou 4. Le vent chaud de l'est soufflait continuellement et calmement, le calme avant la tempête; un signe qui ne trompe pas un vieux baroudeur comme moi qui connaît mieux tous les chemins de randonné des cinq continents que les plate-bandes de son jardin. Je m'attendais au pire. Le soleil était aux zénith. La chaleur commençait à m'embrouiller. Il était temps de trouver une auberge. Je n'avais plus les idées claires...

Quoi? Elles ne sont encore pas claires. Je me disais juste que je pourrais peut-être écrire des romans d'aventures. Bon d'accord j'arrête.

Je marchais donc depuis quelques heures lorsque je tombe sur le snack-bar d'un camping. Le mec qui tient ce lieu, Alexandro discute tout de suite avec intérêt. Il me demande d'où je viens, où je vais. Je remarque qu'il ne me demande pas pourquoi je le fais. Il avait des voyages plein les yeux. Il ne semblait rêver que de cela. Il me parle de ses projets, des pays qu'il veut visiter avec sa copine. Elle se trouve justement là, il me la présente. Il me prépare un truc à manger, le meilleur truc du snack pour reprendre des forces. Il me fait un prix. Il me donna également deux pommes et deux bananes.

En réglant l'addition, il me dit que la réceptionniste du camping a entendu notre conversation, qu'elle va à Trieste le lendemain. Si je suis intéressé, je peux aller la voir à la réception. Je m'y rends donc et je tombe sur Anna, une jolie brune aux cheveux courts, aux yeux couleur noisette et la peau brune – je vais apprendre plus tard que son copain est sicilien. Elle parle très bien le français, elle a appris le métier de traducteur. Je n'avais pas parlé français depuis un long moment; cela me fait du bien.

La nuit se passe donc dans ce camping chic pour "allemands"; je n'y ai rencontré que des allemands. Avec la petite toile de tente, je suis l'attraction de la soirée. Les enfants passent et repassent. Je me réjouie de les voir si curieux et surpris. Ils n´osent pas me parler.

Nous partons tôt le matin. Nous parlons tout au long du trajet. Elle me rappelle Maria, une amie Libanaise. Elle vient d'avoir son permis de conduire; elle conduit correctement. En arrivant à Trieste, nous cherchons une place de parking un long moment; malgré cela, elle ne change pas d'humeur. Elle passe un coup de file à quelqu'un avant que l'on se sépare devant son appartement.



Je prends un jour de repos. J'en profite repos pour envoyer un colis pour l'anniversaire d'Alexie, ma filleule. Le jour suivant, je prends la direction de la Slovénie. J'ai trouvé une carte de randonnées à l'office de tourisme. Des chemins pédestres traversent la frontière slovène.




"Découvrez qui vous êtes et tous les autres problèmes se résoudrons d'eux-mêmes."
Ramana Maharshi

dimanche 1 mars 2009

Un pélerin à la plage...

Tiruvannamalai, Tamil Nadu, INDES

Je me retrouve donc là où je ne l'avais prévu : je marche au milieu d'une zone touristique côtières de plusieurs dizaines de kilomètres entre Venise et Trieste. Cela ne me dérange pas vraiment, je trouve des supérettes à tous coins de rue. Je me déplace de camping en camping, en ne trouvant pas toujours de la place du premier coup. Au milieu de ces touristes, je me sens un peu comme un extraterrestre. Voici à quoi je ressemble en arrivant dans cette région. Comme vous le constatez, j'ai changé de couvre-chef car je ne retrouve plus la casquette du désert, je l'ai certainement laissé dans le train entre Milan et Venise. Ne voulant pas acheter de nouveau chapeau, j'ai trouvé ce tissu blanc au fond du sac-à-dos. J'ai souvent pensé m'en séparer depuis le départ. Il fait très bien l'affaire, il est même plus flexible que tout ce que j'aurais pu trouver ici. Il peut faire casquette avec protection pour le cou, en un clin d'oeil il se transforme pour protéger les oreilles – voire une seule oreille. Il peut aussi être simple casquette ou bandeau avec système de ventilation par le dessus. En ajoutant le bâton de pèlerin que j'ai trouvé dans le grenier à Bordo, je dépareille de la mode vestimentaire locale.

Je passe plusieurs jours à longer la Mer Adriatique. Je profite des nombreux couchés de soleils, du ciel étoilé, de cet ambiance de vacance décontracté et de quelques rencontres surprenantes – bien qu'elles ne me surprennent plus autant – comme par exemple la rencontre furtive et très intense avec un vielle homme à vélo. Cela s'est passé en fin d'après-midi, j'avançais l'esprit détendu – je venais de faire une sieste – lorsque cette homme s'arrête à mon niveau et commence à me parler, je ne comprendre pas les mots qui sortent de sa bouche et qui arrivent jusqu'à mes oreilles. Je réponds tout de même, en imaginant les questions. Il ne doit pas non plus comprendre mes réponses. Mais malgré tout nous continuons sans aucune gêne et avec une grande joie. Il semble si heureux et enthousiaste de m'avoir rencontré. Il fait de grands gestes en me racontant pleins de trucs qui semblent merveilleux. Après quelques minutes, il rechevauche son vélo pour disparaître tout comme il est arrivé. Après cette rencontre je me sens si heureux. Est-ce parce que je crois être responsable de la joie de cette homme ou parce qu'il m'a communiqué sa joie? Le fait est que nous sommes heureux.


"Hommes modestes, venez que je vous embrasse; vous faites la douceur et le charme de la vie. Vous croyez que vous n'avez rien, et, moi je vous dis que vous avez tout. Vous pensez que vous n'humiliez personne et vous humiliez tout le monde."
Montesquieu – Lettres Persanes

lundi 9 février 2009

Destination : la cité des amoureux

Pondichérry, Tamil Nadu, INDES

20-07-2008

Après un séjour de 10 jours à Bordor, mes pieds retrouvent les chaussures de randonné. Je laisse donc ce village et ses habitants derrière moi, la tete et le coeur encore reliés contrairement aux jambes qui me poussent de l'avant avec énergie.

Je ne repars pas les mains vides. Dans le grenier que j'ai rangé, j'ai trouvé un vieux bâton de randonné en bois. Je constate plusieurs trous de mites, il semble cependant solide; nous verrons bien combien de temps il durera.

Une fois encore, je me confronte au manque d'enthousiasme des italiens pour les auto-stoppeurs. Après plusieurs heures, je me résigne à prendre le train. Et je me propulse dans la journée jusqu'à Venise. Une grande motivation m'a gagnée à l'idée de rencontrer Jill, une artiste américaine qui séjourne dans la cité. Nous avons échangé quelques messages sur le Net avant le départ. Elle semblait très intéressée par mon projet et très désireuse de me rencontrer. Rencontrer un artiste vivant à Venise cela m'intéressait aussi.

Lors de l'escale à Milan, des policiers italiens, viennent me dire bonjour avec de grands sourires. J'en ai même vu qui jouaient avec des enfants sur la grande place devant la gare. En plus des policiers sympathiques, l'Italie est aussi le pays des couples qui s'enlacent, qui s'embrassent, se caressent et pleurent dans la rue en toute liberté.


Pendant longtemps, je ne prenais pas ce que l'on me donnait par peur de ne pouvoir rendre ou donner quelque chose en échange.
Oui, je sais cela n'a rien á voir avec le reste; c'est juste quelque chose que j´ai réalisé dans le train.


C'est en soirée et sous la pluie que j'arrive à Venise. La pluie était devenu présage de réconfort - depuis le début de ce voyage, après la pluie, un événement heureux se produisait. Cette fois-ci ce sera différent. Je commence dont par appeler Jill. J'apprends qu'elle ne peut pas m'héberger par manque de place. Nous fixons tout de même un rdv pour boire un verre ensemble le lendemain. Je me sens profondément déçu, cela ne se passe pas comme je l'avais imaginé – je me fais avoir encore une fois par mon imagination que je prends pour la réalité.

Après avoir constaté les prix exorbitant des logements – en comparaison de mon budget –, je décide de me rendre sur une plage pour passer la nuit. Dans le trainm un italien m'avait conseillé d'aller camper sur l'île de Lido. En chemin l'orage éclate et la pluie tombe à grosse gouttes. Je tourne en rond un bon moment pour trouver un emplacement pour la tente. Je demande la permission dans un restaurant qui semble gérer ce morceau de sable. On me donne l'autorisation bien que cela ne soit pas autorisé et si je décampe avant le levé du soleil. C'est comme cela en Italie certaines règles sont respectées d'autres non.

En cherchant un coin de terre – ma tente ne se plante pas dans le sable – je rencontre deux jeunes filles turques. Elles me racontent que leur tente a été volée ainsi qu'une bonne partie de leurs affaires. Je me propose de les aider; elles refusent. Plus tard dans la soirée, je retourne les voir pour m´assurer qu'elles vont bien car je m'inquiète et je veux faire quelque chose pour qu'elles se sentent mieux. Mon arrivé les réveille, elles ont peur. "WHAT? WHAT?" crie l'une d'elles. Je tente de lui expliquer que je veux juste les aider. Elles sont trop effrayées pour comprendre. Je les laisse, ça me semble la seule chose à faire.


J´ai là un bel exemple que l'on ne peut pas aider les autres s'ils ne veulent pas. On peut même arriver au résultat opposé. Je note aussi avec intérêt que la peur a empêché que la situation s'améliore.


21-07-2008

La nuit se passe normalement. La tente est ramassée alors qu'il fait encore nuit. J´assiste à un joli levé de soleil en prenant le petit déjeuner – des céréales avec de l'eau. Les deux filles turques sont toujours là. Je décide de les laisser venir me parler si elles le désire. Elles ne viendront pas.

Le rdv avec Jill est en début d'après-midi à l'autre bout de la ville. Je traverse donc Venise à pied. L'ambiance est fatiguante; je croise des groupes de touristes excités à chaque coin de rue – cela se comprend, on ne visite pas Venise tous les jours. De plus il fait trop chaud. Je n'arrive pas à apprécier.

Je retrouve Jill; je n'accroche pas. Je pense que c'est du à mon état d'esprit; je ne prends même pas la peine de lui dire qu'elle parle trop vite pour que je puisse bien comprendre ce qu'elle me raconte. Nous restons moins d'une heure ensemble avant que je décide de quitter cette ville.


"La colère cache toujours de la souffrance."
Eckhart Tolle, "Le pouvoir du moment présent".

dimanche 11 janvier 2009

Bordo... les rencontres


Kanhangad, Kerala, INDE


Gabi est la gérante, elle m'accueille avec des yeux qui sourient plus que sa bouche – je voyais déjà ses dents. Je lui explique ma demande. Elle me permets de rester avant de m'informer que le centre est fermé pour quelques jours en ce moment mais qu'elle fait des exceptions. Si j'avais appelé, elle m'aurait refusé. Avant, elle enseignait la musique en Allemagne. Durant le séjour, nous allons nous promener à plusieurs reprises.

Simson est un garçon de 25 ans environ, c'est le fort à bras – comme dirait ma grand-mère. C'est lui l'homme le plus fort du centre; c'est le seul homme – excepté Félicité, nous y reviendrons. Distant au début, le temps et quelques activités ensemble en a eu raison. Il m'a montré comment couper le bois avec la scie circulaire et comment le fendre à la hache à la bonne dimension pour entrer dans les petits réchauds du centre.

Félicité est le second homme du village. Il est Suisse et francophone. D'après ce que l'on m'a dis, il disparaît quelques fois plusieurs jours dans la forêt. Il me montre comment affûter les faux-scies avec une pierre à affûter. Défricher le jardin avec une faux-scie bien affûté facilite beaucoup le travail.

La femme de félicité, est une grosse dame Suisse qui parle aussi français. Elle semble être avec son mari les personnes qui organisent et dirigent les rituels bouddhiste – je vais essayer de vous en décrire un particulièrement intéressant la prochaine fois. Elle est aussi bien accueillante; "Viens me voir quand tu veux si tu as besoin de quelque chose".

La cuisinière, une allemande qui a vécu seul dans les montagnes pendant des années. Une cuisinière exceptionnelle; elle fait preuve d'une grande créativité. Elle a la capacité d'accommoder les restes en de nouveaux plats qui ne ressemblent ni à l'oeil ni à la bouche aux plats d'origine. Je me souviens si bien des petits déjeuner qui proposent une grande variété de nourriture : des oeufs, du fromage, du porridge, muesli, fruits, lait, confiture, miel, beurre, thé, café, chocolat... Je mange 2 ou 3 aussi ici et non pas seulement lorsque je marche – comme je vous le disais dans le précédent article. :o)

Je rencontre aussi une jeune allemande et son fils plein d'énergie. Elle m'a particulièrement marqué; je n'ai pas compris pourquoi. Elle a des origines Bretonnes. Lorsqu'elle était plus jeune, elle a passé plusieurs vacances d'été dans les Côtes du Nord – ancien nom du département des Côtes d'Amor. Nous avons peu parlé, j´ai plus parlé avec son fils de 6 ans. Nous avons joué au jeu du "Was ist das?" en le mélangeant au jeu du "What is it?".

Le professeur de Taichi, j'ai aussi oublié son nom mais je n'ai pas oublié son visage et les cours d'initiation au Thaichi qu'il nous a donnés au près du stoupa. Un stoupa est une construction bouddhiste qui est utilisee pour faire des voeux, il suffit de tourner autour dans le sens des aiguilles d'une montre. Je ne peux pas vous dire si cela fonctionne, je n'ai pas essayé; je ne savais pas quel voeux faire. Ha! Je me souviens de son nom, c'est Peter. Nous nous sommes aussi promené dans la montagne en partageant notre façon de voir le monde.

Voici un stoupa. Je n'ai pas pensé a prendre des photos de celui de Bordo. Ce stoupa se trouve a Biollet dans le premier centre bouddhiste que j'ai visité.

Le perdu, est le nom que j'ai donné à ce garçon qui me semblait perdu. Il avait décidé de marcher pied nu depuis son arrivé au centre – 2 ou 3 jours après moi. Très timide – ce qui m'a semblé être de la peur – il m'a fallu du temps pour commencer à le comprendre. Il fumait beaucoup trop de haschich. J'aurais voulu l'aider réellement, malheureusement mon allemand et son anglais étaient trop superficielles. Comme je le redoutais, il n'a pas pu rester dans le centre parce qu'il ne participait pas suffisamment aux travaux. J'espère qu'il se porte bien – et bien voilà, j'ai trouvé un voeu à faire pour le prochain stoupa que je trouverais sur la route.

J'ai croisé d'autres personnes comme une femme allemande et ses trois enfants, une autre femme allemande sans enfant, une américaine spécialisée en "suggestopédie" – une méthode d'enseigner qui m'intéresse... J'allais oublier cette autre fille qui est arrivée quelques 2 ou 3 jours avant mon départ, une permanente du centre – elle était en vacance. Nous avons peu parlé, bien qu'elle parlait français très bien. Je me souviens bien d'elle car elle m'a rappelé ma soeur Pascale avec ses yeux bleus; ce qui me mit dans une humeur particulièrement joyeuse.


Avez-vous déjà remarqué que nos rencontres sont influencées par notre vécu, notre mémoire, les émotions qui nous reviennent?


--- English translation coming later ---

I am not sure that the English version is read by someone. So, if you want the english translation, please just write a comment here or send me an email.