mercredi 29 avril 2009

Lorkan l'explorateur

Pokhara, NEPAL


Vous avez aimé l'histoire de Bonnie and Clain? Ça vous a plu vous en demandez encore? Alors voici l'histoire de Lorkan!


Je vous avais promis de vous dire qui est Lorkan depuis un bon moment maintenant – depuis la création de ce blog exactement. Ça ne méritait peut être pas de vous faire attendre aussi longtemps, j'espère ne pas vous décevoir. Mais comme me dit un ami britannique : "C’est bien frustrant pour nous de te suivre de façon retardé, mais tu as raison de ne pas passer tout ton temps là-dessus, et d’écrire seulement quand tu sens inspiré.".

Alors voilà, cela a commencé au cours de l'année 2000 si je me souviens bien. Lorkan est un personnage de jeu de rôle, un simple personnage imaginaire – c'est ce que j'ai d'abord cru. Je ne devrait pas utiliser le mot "simple" lorsque je parle d'imagination car l'imagination est plus complexe que l'on croît. A cette époque je ne savais pas que l'imagination seul peut rendre heureux ou malheureux.

Connaissez-vous les jeux de rôles? Si oui, vous pouvez passer au paragraphe suivant – je connais quelques adeptes parmi les lecteurs de ce blog. Un jeu de rôle rassemble deux ou trois joueurs jusqu'à plusieurs centaines voire des milliers. Le guide du jeu dirige la partie; il assure que les règles sont respectées. Il déroule les actions des personnages et les événements de l'histoire. Chaque joueur a un personnage qu'il va faire évoluer dans ce monde imaginaire. On commence donc par créer les personnages en définissant des caractéristiques, des compétences et un équipement. Le joueur peut choisir une partie de ces paramètres, l'autre partie est tiré au sort – avec des dés par exemple. Et voilà, la partie peut commencer.
Pour plus d'information vous pouvez visiter l'article de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_r%C3%B4le

Les premiers jeux de rôle auxquels j'ai participé se jouaient entre ami dans une chambre d'étudiant à Lannion – ville où j'ai passé deux ans à étudier l'informatique et la création de logiciels. C'était pour moi – pour mes amis aussi je crois – un palliatif pour satisfaire un besoin de faire autre chose que de rester enfermé dans une salle de classe toute la journée. Nous n'en avions pas bien conscience. Je n'avais pas le courage de faire ce que j'avais vraiment envie, je ne n'avais pas le courage de faire différemment des autres, de faire différemment de ce qui était la norme. Je n'en n'avais pas encore conscience car une trop grande peur de l'avenir me cachait tout cela.

Le jeu de rôle où Lorkan est né se nomme Cyborn dont le monde était de type médiévale fantastique – un peu comme le seigneur des anneaux de Tolkien. Ce jeu se jouait en ligne sur Internet. Je pense qu'il n'existe plus aujourd'hui. Lorsque j'ai créé Lorkan, j'ai décidé qu'il serait humain – d'autres races étaient disponibles tel que les hobbits, les elfes, les nains et les acmens. Un peu plus d'une centaine de personnes y participaient.

Au début Lorkan est resté dans les villes. J'ai voulu lui trouver un travail pour pouvoir acheter un super équipement : une belle épée, un beau casque magique... pour avoir le personnage le plus fort comme tout le monde. Je ne lui avais donné aucune compétence qui permettait de travailler dans un atelier ou un commerce, il s'est donc retrouvé garde. Au file du temps je décidait des missions auxquelles Lorkan participait. Au début je voulais le laisser en ville mais rapidement je me suis senti attiré par les missions d'exploration de ce monde imaginaire. Il n'est donc pas devenu le plus fort des personnages de ce jeu mais il est devenu ce que je desirais vraiment... un voyageur qui explore le monde.

J'ai joué à ce jeu durant 4 ou 5 ans, par la suite je me surprenais régulièrement à repenser à ce jeu, aux différentes missions d'explorations en forêt, en montagne à travers les mers, à la rencontre des villageois ou de créatures bien étranges en compagnie d'autres joueurs – les guides avaient une imagination très fructueuse. Puis j'y ai progressivement pensé de moins en moins, jusqu'à ne plus y penser du tout...

Jusqu'au jour où je cherchais un nom pour ce blog, quelques jours avant le départ. Je cherchais un titre depuis deux jours déjà, aucun ne me satisfaisait vraiment. J'étaie seul dans la maison d'Ingrid et Laurent – les amis qui m'ont hébergés juste avant de partir. Cette maison se trouve dans un village à la campagne, c'était le début de l'après-midi, j'écoutais les oiseaux siffler depuis... depuis je ne sais pas combien de temps. J'étais bien calme, je ne pensais plus vraiment, j'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu le tronc d'un vieille arbre qui m'a fait repenser à Lorkan l'explorateur. Je me suis senti triste, mélancolique, l'envie de pleurer est venu alors j´ai laissé les larmes couler... c'était bon, c'était si bon – comment ai-je pu m'interdire de pleurer si longtemps? Puis le vide, j'avais compris que durant toutes ces années je n'avais pas fait ce que je voulais faire, ce que je devais faire : explorer, découvrir, vivre ma vie! La seul chose qui m'en empêché était la peur. Lorkan n'est donc rien d'autre que moi sans les peurs.


(fr)"Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l'esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l'oblitération totale. J'affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu'elle sera passée, je tournerai mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n'y aura plus rien. Rien que moi."

(en) I must not fear. Fear is the mind-killer. Fear is the little-death that brings total obliteration. I will face my fear. I will permit it to pass over me and through me. And when it has gone past I will turn the inner eye to see its path. Where the fear has gone there will be nothing. Only I will remain.

Dune - Franck Herbert

mercredi 8 avril 2009

Mais où est-elle?

Uttarkashir, Uttarakhand, INDES


Le 25-07-2008, quelque part entre l'Italie et la Slovénie...

Le guide linguistique dans la poche, la carte de randonnée à la main, je quitte Trieste d'un bon pied. La frontière n'est pas bien loin, de l'autre côté de la colline qui borde la ville. Je marche quelques heures à travers une forêt peu dense. Je passe la frontière sans m'en rendre compte – depuis l'adhésion à l'union européenne, les postes de douanes sont fermés. Je réalise plus tard que la toute petite maison que j'avais repérée comme un abri potentiel pour la nuit était en fait l'ancien poste de douane.

Lors d'une halte dans un café-bar du petit village de Trebiciano, un couple d'anciens globe-trotteurs nostalgiques engage la conversation. "Trotteurs" est un mot qui ne me plaît pas; trotter ça va bien trop vite. Dans le même bar, je discute avec deux slovènes, peintres en bâtiment qui parlent et comprennent très bien l'anglais. Ils partent en payant mon verre sans me le dire.

Ce jour là, je marche plus de 35 kilomètres. Je suis d'abord motivé par la traversé de cette frontière – chaque entrée dans un nouveau pays est une grande satisfaction. J'arrive en fin d'après-midi, un peu par hasard, au golf de Lipica. Je discute avec un ancien et une réceptionniste qui sont encore une fois bien étonnés par ce projet. Ils me donnent de l'eau. Il n'est malheureusement pas autorisé de camper sur les terrains du golf. Je fais de nombreuses rencontre dans les villages. Il faut rester prudent concernant leurs indications; elles ne sont pas toujours pertinentes. Ils n'indiquent pas toujours le chemin le plus court et le plus agréable. Ils ont tendance à oublier que je n'ai pas de voiture et que je me déplace à pied. Suivant ces indications, je fais donc des détours sans le vouloir. J'avais repéré une grotte sur la carte, j'espérais pouvoir y passer la nuit. La nuit s'annonçait, je décide de prendre un raccourci et je me perds dans une carrière de pierres; je suis contraint de faire demi-tour.

Je finis tout de même par arriver a cette grotte. Une mauvaise surprise m'y attendait, sur le grand panneau a l'entrée du site touristique, il est indiqué qu'il est formellement interdit de camper. La pelouse est si verte et ces arbres si jolis, je ne de rangerai personne et je me lèverai tôt demain; personne ne saura que j'ai campé ici. Malheureusement un couple pic-nique là et me confirme que je ne peux passer la nuit ici. De plus il y a une maison juste à côté. Je donc fais demi-tour.
Je ne suis pas trop déçu car à moins de 500 mètres de là j'avais repéré une petite clairière au bord de la route. Je ne suis pas bien rassuré au début, il fait nuit, des chauves-souris volent bas, j'entends une chouette et des bruits derrière les talus. Je plante la tante au milieu de la clairière juste derrière un bosquet qui permet de ne pas être vu de la route et de rester à distance des talus.. Je fais tout de même un rapide tour du terrain – je suis là pour mieux me connaître; observer les peurs en fait partie. Ces craintes disparaissent rapidement, je suis bien trop fatigué. Je mange et je me couche...


"Lorsque je suis fatigué de marcher, je vole."
Lorkan