dimanche 1 novembre 2009

Une prière à Allah

Le 05-08-2008, Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

Ce fut un peu compliqué de venir en bus jusqu'à cette ville mythique. Elle avait dans mon imaginaire l'image d'une ville multi-religieuse, de personnes mélancoliques, fatiguées par la vie, une ville marquée, mutilée par les guerres.

L'américaine

J'ai passé les premières nuits dans l'auberge de jeunesse la plus simple de la ville. Durant les quelques jours que je reste ici, je discute tous les soirs avec un vieux bosniaque. Je le trouve tous les soirs à la même place dans la petite cour. Discuter n'est pas vraiment le mot, je lui dis des trucs dans sa langue les seuls réponses que j'ai sont de larges sourires et des yeux pétillants. Cela me suffit, il semblait éteint avant que je lui parle.

Me voyant parler ainsi au vielle homme, un américain d'une cinquantaine d'année et une américaine d'une trentaine m'invitent à discuter à m'asseoir avec eux. Je ne me souviens plus ce que l'homme faisait, la femme travaillait pour une ONG. Je n'ai pas tout compris, j'avais oublié mes difficultés à comprendre l'américain. Il est étonnant à quel point il est plus facile de comprendre une personne qui ne parle pas anglais de naissance.
J'ai rencontré des exceptions, une australienne et un britannique par exemple qui devaient faire particulièrement attention à l'articulation et au vocabulaire. Enfin bon, cette américaine nous explique que dans son travaille ses collègues s'identifient aux projets, à leur travail.
Si les projets n'aboutissent pas, cela pose des problèmes à de nombreuses personnes. Les décisions qu'ils prennent ne sont alors pas justes du tout. En entendant ces paroles, je me dis que cela ne se passe pas uniquement dans les ONG et que le plus dramatique c'est que je me comporte aussi ainsi.

Une prière à Allah
C'est à Sarajevo
que pour la première fois de ma vie,
j'ai osé entrer dans une mosquée.

Pour les enfants et les autres,
une mosquée c'est comme une église
pour les musulmans.
Les personnes y vont pour prier Dieu
avec des gestes ou des paroles bien précises,
un peu comme une danse ou une poésie
que l'on connaît par coeur.

En plus d'entrer dans ce lieu,
je me suis aventuré au milieu d'une rangée d'hommes.
Mon voisin me faisait signe d'approcher;

ce fut bien difficile
de poser mon épaule contre la sienne
- à l'époque je n'avais pas encore passé 5 mois
dans les bus et les trains indiens.

Un nouveau petit signe
pour me faire avancer à son niveau.
Et voilà, épaule contre épaule des deux côtés
- j'avais deux voisins.

Peu fière de me retrouver là, si proche,
le coeur battant la chamade
sous un flot continue d'émotions.
Et cette impression de les gêner.
Qu'allait il se passer?

Avec peu d'assurance j'imite leurs gestes
On s'assoit sur nos pieds
On pose la tête et les mains au sol
On porte les mains au visage...
J'observe d'un oeil discret mes voisins
surtout pour porter les mains au visage, aux oreilles
je suis en retard, ça m'inquiète

Ils ne semblent pas dérangés.
Je continue, je me détends.
Les enchaînements continuent.
C'est agréable,
ça me fait penser aux exercices de yoga.
Tous ces gestes ne peuvent pas être mauvais
pour le corps.

Avant de quitter ce lieu,
je lève la tête au plafond...

Si je suis entré dans cette mosquée, la raison en est simple : la seule façon de se faire une opinion de quelque chose est de l'expérimenter, sinon on ne fait qu'imaginer mais ce n'est pas la réalité. Je vais vous épargner tout ce que j'avais pu imaginer avant, la réalité est bien plus simple, belle... réelle.

Je n'avais jamais osé faire tout cela car je pensais que c'était un manque de respect. Tout comme je n'avais jamais fait un signe de croix dans une église.


J'ai été si longtemps révolté
de voir des personnes
qui se disaient croyante
et parler pendant que d'autres personnes priaient
et durant les cérémonies.

Je n'avais pas encore compris
que la religion est une affaire personnelle.
Certains vont croire en un Dieu tout puissant,
d'autres à la Nature,
à l'Univers ou encore à la Vie,
à l'Art, à la Musique...

Le plus important n'est pas l'image
que nous donnons à nos croyances
mais que cela nous rend heureux
et nous permet d'accompagner
les autres à devenir heureux.

Dans le prochain article, vous aurez le droit à une aventure qui fait peur :
"Perdu dans la montagne" avec Jean et Antoine. :o)