dimanche 14 novembre 2010

L’homme qui avait tout n’avait rien.




A Uttarkashir, dans l’Himalaya indien,
J’ai croisé un homme qui avait
un corps tout petit.

Je me demande encore comment
ce corps pouvait fonctionner.
Je ne sais plus s’il avait des jambes
mais il avait des bras
car il se déplaçait
sur une planche à roulette.

N’allez pas imaginer un jolie skate-board.
Non! C’était une fine planche de contre-plaqué
sur laquelle des roulettes avait été fixées.
Sa tête semblait énorme en comparaison
avec son tout petit corps.

Oh oui!
J’avais peur de ce “monstre”, ce genre d’infirmité
dont mon monde occidental m’avait toujours “protégé”.
Ou étais-ce simplement moi qui ne les voyais pas?

En Inde en tous cas, j’en voyais régulièrement.
J’avais donc commencé à m’y habituer,
c’était devenu supportable.
Encore une fois, je me suis rendu compte
que c’était une peur de l’inconnu,
aucun élément objectif ne justifiait
que j’ai peur de cette personne.

Je me suis mis au niveau du sol
pour lui donner quelques pièces;
il faisait la manche.

Cette émotion disparue instantanément
au moment où j’ai croisé son regard.
Un regard débordant de joie, d’amour....
Un regard qui me donnait de l’amour
de la joie et qui me donnait encore
sans s’arrêter sans rien me demander.
Et qui continuait à me donner encore,
encore et encore sans sembler vouloir s’arrêter.

C’est là que j’ai une nouvelle fois eu peur,
peur de ne pas savoir où j’allais,
peur de ne pas savoir ce qui se passait.

Cette rencontre m’a appris une chose
très important :
Le bonheur ne se trouvait peut être pas
là où je pensais le trouver.

Il y a quelques semaines,
j’ai raconté cette rencontre à une amie.
Je ne sais plus exactement ce qu’elle m’a dit,
mais voici ce que j’ai entendu :

“Cet homme n’est pas toujours heureux.”
A ces mots j’ai réalisé à quel point j’avais
construit une image idéalisée de cet personne.
Effectivement, j’ai passé seulement
quelques minutes en sa présence.
Effectivement, il était pleinement heureux
mais rien me dit qu’une heure avant
ou une heure plus tard il ne serait pas triste.
J’étais persuadé qu’il était toujours heureux.

Je peux donc croire qu’être heureux n’est pas réservé
aux personnes qui ont des conditions de vie difficiles
ni aux personnes qui ont des conditions de vie plus faciles.

Etre heureux... Mais qu’est-ce que cela signifie.
Certainement quelque chose de différent
pour chacun d'entre nous.