vendredi 13 mars 2009

Le pirate de la Dune Verte

Athithi Ashram, Tiruvannamalai, TamilNadu, INDES


23-07-2008
Dune Verte

Alexandro, c'est comme cela qu'on l'appelle. C'est un pirate, le plus terrible de la méditerranéenne. Oui je vous l'assure. Vous connaissez "Le Pirate Des Caraïbes", le film? Alors vous connaissez le capitain Jack Sparrow! Et bien, c'est lui. Il tient un fast-food à l'entrée d'un camping. Quoi? Qu'est-ce que fait un pirate dans un camping? Vous en avez des questions. J'ais pas moi. J'lui ai pas demandé; je ne voulais pas attirer les ennuis. De toute façon c'est lui qui posait les questions pas moi.

J'avais marché toute la matinée sous un soleil de plomb, la faim me tiraillée les entrailles, je n'avais pas mangé depuis... des heures – 3 ou 4. Le vent chaud de l'est soufflait continuellement et calmement, le calme avant la tempête; un signe qui ne trompe pas un vieux baroudeur comme moi qui connaît mieux tous les chemins de randonné des cinq continents que les plate-bandes de son jardin. Je m'attendais au pire. Le soleil était aux zénith. La chaleur commençait à m'embrouiller. Il était temps de trouver une auberge. Je n'avais plus les idées claires...

Quoi? Elles ne sont encore pas claires. Je me disais juste que je pourrais peut-être écrire des romans d'aventures. Bon d'accord j'arrête.

Je marchais donc depuis quelques heures lorsque je tombe sur le snack-bar d'un camping. Le mec qui tient ce lieu, Alexandro discute tout de suite avec intérêt. Il me demande d'où je viens, où je vais. Je remarque qu'il ne me demande pas pourquoi je le fais. Il avait des voyages plein les yeux. Il ne semblait rêver que de cela. Il me parle de ses projets, des pays qu'il veut visiter avec sa copine. Elle se trouve justement là, il me la présente. Il me prépare un truc à manger, le meilleur truc du snack pour reprendre des forces. Il me fait un prix. Il me donna également deux pommes et deux bananes.

En réglant l'addition, il me dit que la réceptionniste du camping a entendu notre conversation, qu'elle va à Trieste le lendemain. Si je suis intéressé, je peux aller la voir à la réception. Je m'y rends donc et je tombe sur Anna, une jolie brune aux cheveux courts, aux yeux couleur noisette et la peau brune – je vais apprendre plus tard que son copain est sicilien. Elle parle très bien le français, elle a appris le métier de traducteur. Je n'avais pas parlé français depuis un long moment; cela me fait du bien.

La nuit se passe donc dans ce camping chic pour "allemands"; je n'y ai rencontré que des allemands. Avec la petite toile de tente, je suis l'attraction de la soirée. Les enfants passent et repassent. Je me réjouie de les voir si curieux et surpris. Ils n´osent pas me parler.

Nous partons tôt le matin. Nous parlons tout au long du trajet. Elle me rappelle Maria, une amie Libanaise. Elle vient d'avoir son permis de conduire; elle conduit correctement. En arrivant à Trieste, nous cherchons une place de parking un long moment; malgré cela, elle ne change pas d'humeur. Elle passe un coup de file à quelqu'un avant que l'on se sépare devant son appartement.



Je prends un jour de repos. J'en profite repos pour envoyer un colis pour l'anniversaire d'Alexie, ma filleule. Le jour suivant, je prends la direction de la Slovénie. J'ai trouvé une carte de randonnées à l'office de tourisme. Des chemins pédestres traversent la frontière slovène.




"Découvrez qui vous êtes et tous les autres problèmes se résoudrons d'eux-mêmes."
Ramana Maharshi

dimanche 1 mars 2009

Un pélerin à la plage...

Tiruvannamalai, Tamil Nadu, INDES

Je me retrouve donc là où je ne l'avais prévu : je marche au milieu d'une zone touristique côtières de plusieurs dizaines de kilomètres entre Venise et Trieste. Cela ne me dérange pas vraiment, je trouve des supérettes à tous coins de rue. Je me déplace de camping en camping, en ne trouvant pas toujours de la place du premier coup. Au milieu de ces touristes, je me sens un peu comme un extraterrestre. Voici à quoi je ressemble en arrivant dans cette région. Comme vous le constatez, j'ai changé de couvre-chef car je ne retrouve plus la casquette du désert, je l'ai certainement laissé dans le train entre Milan et Venise. Ne voulant pas acheter de nouveau chapeau, j'ai trouvé ce tissu blanc au fond du sac-à-dos. J'ai souvent pensé m'en séparer depuis le départ. Il fait très bien l'affaire, il est même plus flexible que tout ce que j'aurais pu trouver ici. Il peut faire casquette avec protection pour le cou, en un clin d'oeil il se transforme pour protéger les oreilles – voire une seule oreille. Il peut aussi être simple casquette ou bandeau avec système de ventilation par le dessus. En ajoutant le bâton de pèlerin que j'ai trouvé dans le grenier à Bordo, je dépareille de la mode vestimentaire locale.

Je passe plusieurs jours à longer la Mer Adriatique. Je profite des nombreux couchés de soleils, du ciel étoilé, de cet ambiance de vacance décontracté et de quelques rencontres surprenantes – bien qu'elles ne me surprennent plus autant – comme par exemple la rencontre furtive et très intense avec un vielle homme à vélo. Cela s'est passé en fin d'après-midi, j'avançais l'esprit détendu – je venais de faire une sieste – lorsque cette homme s'arrête à mon niveau et commence à me parler, je ne comprendre pas les mots qui sortent de sa bouche et qui arrivent jusqu'à mes oreilles. Je réponds tout de même, en imaginant les questions. Il ne doit pas non plus comprendre mes réponses. Mais malgré tout nous continuons sans aucune gêne et avec une grande joie. Il semble si heureux et enthousiaste de m'avoir rencontré. Il fait de grands gestes en me racontant pleins de trucs qui semblent merveilleux. Après quelques minutes, il rechevauche son vélo pour disparaître tout comme il est arrivé. Après cette rencontre je me sens si heureux. Est-ce parce que je crois être responsable de la joie de cette homme ou parce qu'il m'a communiqué sa joie? Le fait est que nous sommes heureux.


"Hommes modestes, venez que je vous embrasse; vous faites la douceur et le charme de la vie. Vous croyez que vous n'avez rien, et, moi je vous dis que vous avez tout. Vous pensez que vous n'humiliez personne et vous humiliez tout le monde."
Montesquieu – Lettres Persanes