dimanche 14 novembre 2010

L’homme qui avait tout n’avait rien.




A Uttarkashir, dans l’Himalaya indien,
J’ai croisé un homme qui avait
un corps tout petit.

Je me demande encore comment
ce corps pouvait fonctionner.
Je ne sais plus s’il avait des jambes
mais il avait des bras
car il se déplaçait
sur une planche à roulette.

N’allez pas imaginer un jolie skate-board.
Non! C’était une fine planche de contre-plaqué
sur laquelle des roulettes avait été fixées.
Sa tête semblait énorme en comparaison
avec son tout petit corps.

Oh oui!
J’avais peur de ce “monstre”, ce genre d’infirmité
dont mon monde occidental m’avait toujours “protégé”.
Ou étais-ce simplement moi qui ne les voyais pas?

En Inde en tous cas, j’en voyais régulièrement.
J’avais donc commencé à m’y habituer,
c’était devenu supportable.
Encore une fois, je me suis rendu compte
que c’était une peur de l’inconnu,
aucun élément objectif ne justifiait
que j’ai peur de cette personne.

Je me suis mis au niveau du sol
pour lui donner quelques pièces;
il faisait la manche.

Cette émotion disparue instantanément
au moment où j’ai croisé son regard.
Un regard débordant de joie, d’amour....
Un regard qui me donnait de l’amour
de la joie et qui me donnait encore
sans s’arrêter sans rien me demander.
Et qui continuait à me donner encore,
encore et encore sans sembler vouloir s’arrêter.

C’est là que j’ai une nouvelle fois eu peur,
peur de ne pas savoir où j’allais,
peur de ne pas savoir ce qui se passait.

Cette rencontre m’a appris une chose
très important :
Le bonheur ne se trouvait peut être pas
là où je pensais le trouver.

Il y a quelques semaines,
j’ai raconté cette rencontre à une amie.
Je ne sais plus exactement ce qu’elle m’a dit,
mais voici ce que j’ai entendu :

“Cet homme n’est pas toujours heureux.”
A ces mots j’ai réalisé à quel point j’avais
construit une image idéalisée de cet personne.
Effectivement, j’ai passé seulement
quelques minutes en sa présence.
Effectivement, il était pleinement heureux
mais rien me dit qu’une heure avant
ou une heure plus tard il ne serait pas triste.
J’étais persuadé qu’il était toujours heureux.

Je peux donc croire qu’être heureux n’est pas réservé
aux personnes qui ont des conditions de vie difficiles
ni aux personnes qui ont des conditions de vie plus faciles.

Etre heureux... Mais qu’est-ce que cela signifie.
Certainement quelque chose de différent
pour chacun d'entre nous.

mardi 17 août 2010

La légende du Colibri

Connaissez-vous la légende du colibri ?




Un jour, dit la légende,
il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux terrifiés, atterrés,
observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait,
allant chercher quelques gouttes
avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou,
agacé par cette agitation dérisoire,
lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ?
Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau
que tu vas éteindre le feu !"
Et le colibri lui répondit :
"Je le sais, mais je fais ma part."

C'est en référence à ce conte amerindien raconté par Pierre Rabhi que l'association "Colibri mouvement pour la Terre et l'humanisme" a trouvé son nom.

Pierre Rabhi est un agriculteur, écrivain et penseur français, aujourd'hui reconnu expert international pour la sécurité alimentaire. Il a participé à l'élaboration de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification. Il défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la terre et soutient le développement de pratiques agricoles accessibles à tous et notamment aux plus démunis, tout en préservant les patrimoines nourriciers.

dimanche 18 juillet 2010

Dimitar le bulgare



Comme à chaque fois, pensez à cliquez sur les images pour les agrandir.

Le 11 août 2008, Sofia, Bulgarie, Europe de l'est...

Une fois encore, le coeur lourd, je quitte mes nouveaux amis Marie, Jean-Charles et leur compagne, la 2CV rouge et jaune.

Je traverse le centre le centre de Sofia pour rejoindre le point de rencontre que nous avons fixé avec Dimitar.

J'ai pris contact avec ce Bulgare par Internet, avant même de commencer le voyage.

La nuit est tombée, je me trouve à un grand carrefour. De nombreuses voitures passent. Il n'est pas à l'heure.
"Que vais-je faire s'il ne vient pas?"
"Bon pour l'instant ce n'est pas le cas."
Je sais qu'il doit venir en trafic ou mini-bus. A chaque véhicule volumineux — ca va de la voiture un peu volumineuse au gros bus — je me dis que c'est lui. Un quart d'heure plus tard,
je me décide à l'appeler. J'entre dans l'auberge qui se trouve là — pour information cette auberge est pleine —
"Et je vais dormir où s'il ne vient pas?"
"Ah encore une fois."
"Bon, pour l'instant ce n'est pas le cas."
Je demande à l'accueil d'utiliser le téléphone.
En anglais au téléphone :
— Dimitar?
— Où es-tu, je t'attends
....
— Quoi? Oh vraiment.
...
— Ah heuuu... Je suis vraiment désolé.
...
— Bon je t'attends. C'est sympa.

Pour vous donner l'explication, c'était de ma faute, j'étais en retard au rendez-vous. En retard d'une heure exactement. Et oui, à ce moment là, en Bulgarie on avait  une heure d'avance sur la Macédoine. Me voilà face à mon premier décalage horaire du voyage.

Dimitar arrive rapidement, il est très agréable, souriant. Il parle bien l'anglais et le français aussi car il a vécu trois ans en Algérie. Son travail est de faire des études,
des prévisions d'inondations.
Prévoir les risques,
je me demande toujours dans quels limites
il est utile de prévoir les risques.
J'ai passé tellement de temps dans ma vie
à me protéger d'évènements qui n'ont jamais eu lieu.

Dimitar, m'accueille dans son appartement qui est en travaux. Je dors dans la même chambre
que lui sur un matelas. Je reste chez lui deux nuits. La journée, il va travailler.

Le premier jour, je visite un musé au nord de la ville pour m'y rendre je traverse les quartiers pauvres des Roms je ne me sens pas à l'aise; je crains d'être agressé. C'est la première fois que je cotoie les Roms et une réelle pauvreté. Je n'ai pas osé prendre de photos. J'avance, je me détends, j'entends des bruits de fête, un mariage je pense.

Je passe une bonne partie de la journée au musé. A l'entrée, un hélicoptère trône.

Il me fait froid dans le dos et en même temps je me sens attiré,

je m'approche...

encore un...

Je ne peux m'empêcher de penser aux morceaux de métaux qui sortent de ce genre de machine pour aller se planter dans les corps d'êtres humains.

Le reste du musé est bien plus réjouissant, même s'il reste des thème guerrier cette fois-ci c'est pour se défendre

et rapidement je change de thème avec la musique

ou le voyage, vous reconnaissez?


En revenant du musé, je croise une femme à la peau et aux vètements crasseux et au regard sans aucune crasse, complètement "propre" qui contraste d'autant plus. Elle se déplace avec une charrette et un cheval. Nous restons nous regarder un moment qui me semble durer très longtemps. Je ressors de cette rencontre muet avec un désir immense de la sortir de cette condition, mais en a-t-elle vraiment besoin?

Le second jour, Dimitar m'entraine dans une rencontre CouchSurfing. Pour vous rapeler, c'est une communauté sur Internet qui met en relation des voyageurs et des personnes qui souhaitent rencontrer des voyageurs c'est d'ailleurs comme cela que j'ai fais la connaissance de Dimitar. CouchSurfing signifie littéralement surfer sur les canapés.






Oui, nous avons bu des bières. Mais juste deux pour moi, j'ai encore l'épisode des craotes en tête.

Là c'est un peu tout azimute, on se retrouve dans un bar en plein air, dans un parc du centre de Sofia. Tout au long de la soirée, des personnes arrivent et partent il y a des italiens, des australiens, des anglais, des allemands, des turques... et aussi quelques bulgares. Des jeunes, des vieux, des groupes, des solitaires (comme moi) des couples... et beaucoup de personnes extravertis (pas comme moi). Je ne discuterai pas avec tout le monde car il y en a trop.

Dimitar me présence cependant Rositsa qui me laisse ses coordonnées. Elle parle français courament. Dimitar ne pouvant pas m'héberger plus longtemps, elle m'in
vite dans son petit appartement... deux secondes de réflexion et hop! J'accepte.

mercredi 24 mars 2010

A Skopjé à 2 chevaux on dépasse les vélos...

à 2 chevaux à Skopjé on dépasse les pépés.

Bon, pour l'engagement de poster un article tous les mois ce n'est pas encore cela, mais je persévère. :o)

Le 9 aout 2008, Skopje

Skopje, capitale de la Macédoine, je n'en avais jamais entendu parlé avant de prendre le car à Prishtina. Etrangement je n'ai rien noté dans le carnet de voyage. J'ai tout de même pris pas mal de photos.

Je me souviens avoir trouvé une auberge de jeunesse, digne de ce nom. Ce qui signifie méga-collocation de jeunes voyageurs venant des quatre coins du monde du genre auberge espagnole, le film. Je crois que j'ai partagé le repas avec trois autres personnes. A cette occasion, je remarque que je ne sens pas vraiment de différence d'âge. Ce qui est vrai avec de jeunes personnes l'est aussi avec des personnes plus âgés. La question que je me pose maintenant est la suivante : quelle âge j'ai lorsque je suis seul? Bien sûr mon âge est le nombre d'années qui se sont écoulées depuis ma naissance. Mais est-ce que l'âge a un autre sens que ce nombre? C'est aussi un ressenti il semble.

Bon, revenons à nos moutons.

A Skopje, je vais me promener. Cette ville vieillissante semble avoir perdu son heure de gloire. J'en ai un souvenir de pauvreté mêlée de nostalgie. Je passe la journée comme cela à me laisser guider par mes deux pieds. Je m'arrête quand je suis fatigué ou lorsque j'ai envi de regarder, de rester sans bouger. Je passe sur un pont en pierre, arrivé sur l'autre rive, je fais demi-tour. Je traverse une grande place, des oiseaux, il fait chaud.


Une cathédrale orthodoxe à côté d'un gros bâtiment en béton de type communiste.
J'entre dans la cathédrale. Bouuuue, je ne me sens pas bien.

Un mendiant, je n'ai pas vu le temps, il fait nuit, je suis perdu. Deux ados, je leur demande mon chemin, ils veulent m'aider mais ne comprennent pas où je vais. Je ne sais pas comment, je suis rentré.

Le 10 août 2009, camping le BestWestern

15:00 - Je suis triste, fatigué, très fatigué, j'ai mal à la tête, je me sens épuisé. Je me sens seul. J'ai envie de rentrer. Je monte la tente avec difficulté, ca y est. J'ai tellement mal à la tête. 15 heures, je vais dormir...

J'ai quitté Skopje ce matin dans une ambiance intérieur de nostalgie, de lourdeur... mon sac était lourd, mes jambes étaient lourdent, tout mon corps était lourd, douloureux. J'avais envie de rentrer, de voir du monde que je connais bien. Je me trainais péniblement, je n'avançais pas. J'avais prévu de passer par Arachinovo pour rejoindre la route qui mène en Bulgarie et y trouver une voiture rapidement. J'avais un contact "couchsurfing" là-bas à Sofia, Dimitar... enfin si c'est comme l'américaine de Venise... C'est donc cela le mal du pays?
La mauvaise humeur se dissipe avec les kilomètres qui se déroulent sous mes pieds,. J'aborde un couple pour confirmer que je me trouve sur la bonne route. L'homme est surpris mais pas inquiet lorsque je lui parle d'Aracinovo.
— Il ne faut pas aller là-bas, c'est dangereux.
— Pourquoi?
...silence
— En faite, je n'y suis jamais allé.
Nous nous séparons en nous souhaitant une bonne journée et avec un sourire agréable. Je me retrouve dans un état de colère tout en me sentant de meilleur joie du fait de ce contact amical. En colère parce que je me rends compte à quel point nous nous faisons des idées sur les choses sans vraiment savoir pourquoi, juste parce que les personnes autour de nous le disent. Nous nous faisons des opinions à partir des opinions des autres mais ce n'est absolument pas notre opinion. Enfin je dis "nous", je devrais dire "je" et c'est vraiment cela qui me met en colère. C'est décidé je vais m'efforcer de bien faire la différence entre ce que je sais par expérience (de façon empirique) de ce que je sais en théorie sans l'avoir moi même expérimenté.

Je m'approche d'Indzikovo, je suis toujours bien décidé à aller à Aracinovo. Cette fois-ci, c'est un homme et son fils d'une dizaine d'année qui marchent à mes côtés quelques centaines de mètres. Encore une fois le père me déconseille l'itinéraire que j'ai choisi.

A l'entrée d'Inzikovo, je m'engage dans la direction de la ville "dangereuse", ça monte. Un cycliste s'arrête, un italien. Lui aussi me demande de ne pas aller à Aracinovo, que c'est très dangereux, il va même jusqu'à me l'ordonner. Il est très enthousiaste par mon projet de voyage jusqu'en Inde par voie terrestre mais il est aussi très inquièt, il ne veut pas me laisser aller à Aracinovo. Il a peur. Il me dit qu'il se sentirait responsable s'il m'arrive quelque chose. Je cède, je me dis que si trois personnes me disent cela c'est qu'il y a peut être une bonne raison. Je me souviens de la première personne, elle semblait raisonnable, moins émotif que les deux dernières. Comme la peur est communicative. L'italien me dit de l'attendre là, qu'il va revenir avec de la nourriture. Je ne le reverrais pas. Après plusieurs minutes à l'attendre, je m'en vais vers Naselba llinden c'est fois-ci.

Je marche le long d'une quatre voie, je ne suis pas le seul. Étonnamment, nous sommes même nombreux à le faire. Moins d'un kilomètre suffira pour que j'aperçoive un groupe de personnes qui construisent une maison. L'envie de leur parler me prend. Pas un seul ne parle anglais. Je me débrouille avec le petit guide comme d'habitude. Ils fêtent visiblement un anniversaire. Je refuse le vin et le coca qu'ils me proposent mais pas les gâteaux de pâtisserie. Je partage ma nourriture, des fruits sec si je me souviens bien. Je ne reste pas longtemps, ils veulent reprendre la construction de la maison.


Je vous invite à aller voir la carte tout en bas du blog que je continue à mettre à jour ou directement sur googlemap

Une heure plus tard, je me retrouve seul à marcher le long de cette route rapide. Je commence à me demander si c'est bien légal et surtout si ce n'est pas dangereux. C'est à ce moment qu'une 2CV jaune et rouge me dépasse. J'ai d'abord cru qu'elle ralentissait pour me ramasser. Enfaite, elle ne ralentissait pas du tout, elle n'avançait pas vite tout simplement. Tout doucement, elle disparaît à l'horizon. J'ai l'impression d'avoir vu une plaque d'immatriculation française. Une bretelle de sortie se dessine dans le paysage, j'hésite à m'arrêter. Il n'est pas encore 15 heures et il ne fait pas trop chaud. Je veux en profiter. Au niveau de la bretelle, une voiture de police m'accoste, les policiers me font comprendre gentiment que je ne dois pas rester là. J'avais anticiper en lors annonçant que sortais là, que j'allais au camping; je venais effectivement tout juste de voir un panneau indiquant la présence d'un camping.

Voilà donc comment je me retrouve dans ce camping, qui est en faite un hôtel très confortable (avec piscine) et qui propose quelques emplacements pour planter la tente. J'apprends à l'accueil qu'il y a des français qui vont en Bulgarie. En montant la tente, je retrouve la 2CV dont la plaque d'immatriculation est bien française. J'ai trop mal à la tête pour aller leur parler et de toute façon ils semblent dormir dans leur tente. C'est ce que je vais faire également.

Après la sieste, je me présente au jeune couple à la 2CV. Ils sont ravis de me rencontrer, surtout Marie qui a plein de trucs à me raconter. Ils font le tour de la Méditerranée avec une vielle 2CV jaune et rouge qu'ils ont retapée. Le voyage se fait en relais, ils sont les deuxièmes relayeurs. Parti de Zagreb, ils vont laisser la voiture à Istanbul. Nous sympathisons rapidement. Je réponds à leurs questions sur mon voyage. Je les apprécie beaucoup, ils sont calmes et posés. Le mal du pays disparaît. Ils ont 20 et 21 ans. Bien qu'il n'y ait pas beaucoup de place dans la voiture, ils me proposent de monter avec eux le lendemain. Jean-Charles hésite (c'est une très vielle voiture), mais Marie insiste. Marie est bretonne de Lesneven, une commune du Finistère qui touche Landerneau, la commune où je suis né. Elle a vécu à Saint-Grégoire, en Ille-et-Vilaine, où j'y ai travaillé plusieurs années. Elle y a vécu jusqu'à ses douze ans avant de partir en Pologne avec ses parents.


Le lendemain nous partons tôt car la voiture ne roule pas lorsqu'il fait trop chaud. Le trajet est folklorique. La vitesse ne dépasse pas les 60 kilomètres à l'heure. La région étant montagneuse on roule plutôt entre 30 et 40 kilomètres par heure. Toutes les heures au moins on doit s'arrêter pour laisser le moteur refroidir. A Sofia, nous dinons ensemble avant de nous souhaiter bonne route et d'échanger nos coordonnées.

Voici leur blog
http://medtour2008.blogspot.com/

Tiens, je vais leur envoyer un p'tit message.

dimanche 31 janvier 2010

Kosovo


Cette semaine, j'ai reçu un email que je n'attendais pas. Je ne sais plus si je vous ai déjà parlé d'un couple que j'ai rencontré à Chênehutte, une petite ville au bord de Loire. Ils m'avaient donné de l'eau et l'homme, un euro pour leur envoyer une carte postale lorsque je serai arrivé aux Indes. De nombreux mois plus tard, c'est ce que j'ai fait. Je n'ai pas acheté le timbre avec la pièce qu'il m'avait donné car on ne peut pas acheter de timbre avec des euros là-bas — encore que. J'ai écris cette carte, en réalité surtout pour moi; je voulais tenir ma promesse et faire ce qui me semblait important. Je pensais même qu'ils m'auraient peut être oublié. Je ne comptais donc pas sur une réponse bien que j'avais indiqué une adresse email sur la carte. C'est donc avec une joyeuse surprise que j'ai reçu une réponse de leur part.

avec un peu de retard pour cause de maladie nous avons bien reçu votre carte postal des indes nous sommes les personnes a qui vous etes venu nous voir a chenehutte pour nous demander de l eau et vous etiez au debut de votre voyage je vois que vous y etes arrive et j en suis tres heureuse pour vous j espere que cela vous a plus et que vous allez tentez une autre destination si vous repassez par la se sera avec joie que nous vous accueillerons je vous remercie encore d avoir tenu votre promesse et a bientot peut etre

Le 7 août 2008, toujours à Sarajevo

Je décide d'aller à Prishtina au Kosovo en bus. Les locaux ne comprennent pas pourquoi je veux marcher et me déplacer en stop. Ils veulent m'envoyer dans des lieux touristiques. La langue m'empêche d'expliquer. Au guichet de l'autogare, la personne me fait comprendre qu'elle ne gêre pas les cars pour le Kosovo, qu'il faut aller dehors. J'arrive tout de même à trouver un bus sur le parking qui part à 18h30.

22:48, le bus roule depuis quatre heures, je n'ai aucune idée de la durée du trajet. On arrive à la frontière du Monténégro, je pensais que nous serions allé directement au Kosovo. Personne dans le bus ne parle anglais. Il fait nuit maintenant. On me demande mon passeport. La tension monte. Une femme ne peut pas entrer dans ce pays car elle n'a pas de visa. Je me rend compte en vivant cette scène à quel point j'ai de la chance de pouvoir voyager; quitter les frontières de mon pays, me déplacer aussi facilement à travers toute l'Europe sans aucune démarche administrative. Pour la plupart des humains, c'est compliqué d'obtenir un visa pour un pays étranger et pour certaines personnes c'est même impossible de quitter leur pays. Le douanier me demande si je veux un tampon sur le passeport? Ne comprenant même pas qu'il me donne le choix, je réponds oui. C'est plus tard que je vais comprendre que cela pourrait me causer des difficultés pour entrer en Serbie. Encore plus tard, j'apprendrais que les douaniers serbes se contentent de barrer le tampon kosovar pour le remplacer avec le leur, antidaté — à la date d'entrée au Kosovo.


Une fois la frontière passée, l'ambiance se détend et devient agréable. Un passager m'adresse même la parole dans une langue que je comprends; il travaille en Hollande et parle un peu l'anglais. Le voyage durera quatorze heures. Nous n'avons fait que traverser le Monténégro; tout ce que j'ai du y faire c'est un pipi. Nous arrivons au matin à Prishtina, les paysages montagneux sont merveilleux.

J'ai déjà rapidement raconté ce qui c'est passé à Prishtina pour moi ici
et .

Ce que je n'ai pas pris le temps de vous dire dans ces articles, c'est une discussion que j'ai eu avec l'une des personnes de l'office de tourisme, une femme très sexy, genre bimbo. Malgré cela, le sujet aidant, je me concentre sur la conversation. Nous parlons un long moment de la situation de ce pays pendant que son collègue cherche une version française d'un guide touristique aussi vieux que moi à un an près. Au moment où je suis passé dans cette région, le Kosovo avait déclaré son indépendance unilatéralement six mois plutôt — en février 2008. Elle n'appelle plus ses amis qui vivent en Serbie parce que ses amis Kosovar le lui déconseillent.


Je reste peu de temps ici, une seule nuit car le prix de l'hôtel est hors budget. L'explication que l'on me donne — non vérifiée — est qu'ils ont décidé d'utiliser l'euro comme monnaie sans que ce soit vraiment officiel. Cela aurait eu pour effet d'augmenter les prix de l'immobilier. Ne trouvant pas le courage de me remettre à l'auto-stop, je repars en bus pour Skopje, capitale de la Macédoine. Je vais rencontrer en Turquie, un français qui s'est déplacé en auto-stop dans cette région quelques mois avant mon passage, sans difficultés.

En attendant le bus, j'ai écris une autre carte postale à une personne importante pour moi. Je n'ai aujourd'hui pas eu de réponse alors que j'en attendais une. Régulièrement, en y repensant, cela m'a causé de la déception ou de la tristesse uniquement parce que j'attendais une réponse. Alors que si j'avais écris cette carte seulement parce que j'avais envie de l'écrire comme au couple de Chênehutte sans attendre quoi que ce soit, je n'aurais pas ressenti cela.

Trois minutes avant de monter dans le bus, je tombe sur un français qui va en Serbie. On a juste le temps d'échanger des bananes, des biscuits et un livre. Il me donne un roman de Milan Kundera : "L'Insoutenable Légèreté de l'être". Son bus part, il jouait de la musique pour vivre... Je me retrouve seul, au milieu des kosovars. :)

En relisant mon carnet de voyage qui me permet de me remémorer ce que j'écris ici, j'ai noté que je me sentais comme le vieux Fraggel Rock, vous savez celui qui voyage dans tout le monde et qui envoie des photos aux Fraggels qui sont restés à la maison. Les Fraggels Rock c'est encore un dessin animé de mon enfance.

Pour visualiser le générique suivez ce lien et un épisode celui-ci je n'ai pas retrouvé le vieux dont je parle.

samedi 2 janvier 2010

Comment se faire peur avec Jean et Antoine?


Alors me revoilà. Je me rends compte que je ne tiens pas l'engagement que j'avais pris : celui d'écrire un article tous les 15 jours. Mais sans lui, je ne serais peut être pas en train d'écrire celui-ci. Ce n'est pas l'envie qui me manque, c'est simplement que j'oublie. J'oublie que ce blog est important pour moi. Comme j'ai aussi décidé de devenir persévérant je vais continuer.

Dans le dernier article, je vous proposais de vous donner une petite recette, alors la voici.

Comment se faire peur avec Jean et Antoine?

Jean et Antoine sont deux jeunes luxembourgeois. Je les ai abordés à la terrasse d'un café, le jour même de mon arrivé à Sarajevo. Je cherchais alors une auberge pour passer la nuit. Deux jeunes étrangers dans ce genre de pays c'est toujours une source d'information utile pour moi. Rapidement, nous parlons français, cette langue est aussi parlé au Luxembourg. Cela me fait beaucoup de bien. Je ne me m'étais pas rendu compte que depuis le village bouddhiste de Bordo, en Italie, je n'avais pas communiqué dans ma langue maternelle. Ils me proposent une bière, j'hésite; non par envie mais par crainte qu'ils refuse de continuer de parler avec moi. Etonnant vous ne trouvez pas? Combien de fois cela m'est il arrivé? Combien de fois ai-je fait quelque chose non par envie mais pour éviter que quelque chose se passe? Je refuse donc. Je prends plaisir à refuser, ça me donne l'impression de redevenir maître de moi.

Antoine se présente comme un gauchiste révolutionnaire et Jean est étudiant en histoire. Ils sont là depuis deux semaines, pour écrire un article sur la Bosnie et son système politique. Ils semblaient avoir abandonné le projet. Pour vous donner une idée, j'ai appris que la Bosnie-Herzégovine est divisé en deux entités: la Fédération de Bosnie et Herzégovine et la République serbe de Bosnie, toutes deux disposant de leur propre constitution. De plus, la présidence comprends trois membres: un bosniaque, un croate et un serbe. Chacun assure à tour de rôle la présidence tous les huit mois.

Nous avons de longues conversations philosophiques et politiques. Je leur parle de ma façon de voir le monde. Ils m'écoutent avec un grand intérêt, je semble leur raconter des choses complètement nouvelles. Je m'en réjoui autant que je serai déçu le lendemain en me rendant compte qu'ils auront tout oublié.

Ils me proposent de les accompagner dans le parc national de Trebevic, au bord de la ville, dans la montagne. Ils veulent louer une voiture. J'accepte la proposition, nous avons rendez-vous pour le lendemain, pour le petit déjeuner au même endroit.
Je vais tout d'abord vous parler d'une femme, une bosniaque qui a vécu le siège de la ville. Il est peut-être utile de rappeler que Sarajevo marqua le début de la première guerre mondiale par l'assassina de l'archiduc d'Autriche François-Ferdinand. Mais le siège que cette femme a vécu est bien plus récent. Il s'est déroulé au début des années 1990 et à duré quasiment quatre ans. Nous avons rencontré cette femme le matin de notre départ pour notre viré en voiture. Nous préparions cette balade une tasse de thé à la main et un croissant dans l'autre. Elle nous a adressé la parole car elle voulait parlait français et, je m'en rends compte plus tard, pour nous prévenir qu'il était dangereux d'aller dans la montagne. Nous l'invitons à s'asseoir à notre table. Elle nous explique qu'il y a des mines. Je vois qu'elle a peur. Rapidement, nous apprenons qu'elle a vécu le siège, la faim, la soif, la peur avec ses deux petites filles. Elle est maintenant au bord des larmes, elle nous quitte précipitamment sur quelque mots d'excuse. Nous n'auront pas l'occasion de lui poser de questions. A ce moment là, je me dis qu'il s'agit d'une peur vielle de plus de quinze ans, qu'elle caution puis-je donner à ses propos? Il m'était évidement qu'elle exprimait la peur de ce qu'elle avait vécu et non pas la peur du danger actuel. Nous déciderons de partir tout de même. La situation ne ressemble pas du tout à ce qu'elle nous avait laissé imaginer. Nous avons traversé des villages et rencontré les personnes qui y vivent. Il est vrai qu'il y a encore des mines et des démineurs mais les zones sont bien délimitées et signalées.

Première leçon que je retiens de cette aventure :
la peur peut nous figer dans le passé.


Sarajevo vu de la montagne

Je ne crois pas qu'ils auraient trouvé une voiture sans moi. Leur pessimisme et leur fatalisme ne les aident vraiment pas. On trouve une première agence de location fermée. En me renseignant dans un bar, mon interlocuteur me dit qu'il sait comment louer une voiture. Je discute avec une personne par téléphone, je ne comprends pas bien ce qu'elle raconte, cela me semble louche mais mes deux nouveaux amis sont emballés. Quelque minutes plus tard la voiture et son propriétaire arrivent. Je n'ai pas pris mon permis de conduire pour le voyage, Antoine n'en a pas, c'est donc Jean qui va conduire. Je charge mon sac à dos car j'ai prévu de ne pas revenir et de les quitter dans le parc au bord de la frontière avec la Serbie bien que je n'ai pas trouvé de carte détaillé de la région, ce qui ne me rassure pas.

Nous voilà donc parti en vadrouille dans la montagne. Tout se passe bien dans la matinée, nous mangeons un très bon repas copieux dans une station de ski avec vu sur les vaches.

C'est après midi que ça se gâte. Pour commencer, nous nous faisons arrêter par une police (nous ne le savions pas encore mais il y a plusieurs polices dans ce pays). Les deux policiers ne parlent pas un mot d'anglais; on ne comprends rien. Jean, le conducteur, se fait embarqué par l'un des policiers alors qu'Antoine et moi restons au bord de la route avec la voiture louée et le second policier. Mon ami révolutionnaire propose des cigarettes à notre nouveau compagnons qui n'est pas désagréable. Jean reviens plusieurs minutes plus tard en nous apprenant que nous avons le droit à une amende de quinze euros parce que nous n'avions pas allumé les feux. Je ne sais toujours pas si c'était dans le code de la route ou si on s'est fait arnaqué. Bref, nous sommes donc relâchés. Le stress laisse la place à une euphorie relative qui aura comme conséquence de nous faire prendre une mauvaise route... une très longue et très mauvaise route. Une route de plus en plus accidentée et qui transforme en chemin de terre. Nous ne voulions plus faire demi-tour. On s'était avancé de plusieurs kilomètres et nous avions pas vu une seule route ou chemin. La nuit tombait, nous roulions de plus en plus lentement pour éviter que le bas de caisse ne touche pas le sol sur une bosse ou lorsqu'une roue passe dans un nid de poule. Un ravin d'un côté, une falaise de l'autre, je sens l'angoisse dans la voiture monté. Nous nous arrêtons régulièrement à chaque gros bruit que nous entendons pour vérifier l'état de la voiture. Le véhicule passe sous de nombreux tunnels de plus plus en plus long qui débouchent à chaque fois sur une route toujours plus chaotique. J'imagine déjà croisé un blindé ou un tank, non pas un mais un convois, tous à la queuleuleu vous savez comme dans les films de guerre. Tous les cinq cents mètres un nouveau tunnel qui était à chaque fois un peu plus long et plus sombre que le précédent — mais ça je l'ai déjà dit. La route me semble interminable, mes compagnons commencent à partager leurs angoisses, je tends de les rassurer et de rester optimiste. Nous finissons par en sortir et retrouver une route bitumée, je ne me souviens pas combien de temps cela a duré.

Deuxième leçon que je retiens de cette aventure :
rassurer les autres est un moyen efficace pour se rassurer soi-même.


Voici nos trois fières héros retrouvant l'asphalte... mais ils ne savaient pas encore que ce n'était pas fini. Vous remarquerez qu'il ne fait pas nuit, contrairement à ce que j'ai noté dans le carnet de voyage. Antoine est le premier à gauche et Jean le second au milieu.

Nous tentons de nous repérer sur la carte sommaire de leur guide de voyage avant de reprendre la route en direction de la frontière Serbe. Nous arrivons à Rogatica, là où j'avais prévu de les laisser. Mais, encore une fois, un policier nous fait signe de nous arrêter. Nous étions tous les trois certain que les feux de la voiture étaient bien allumés. L'homme ne portait pas le même uniforme que le policier précédent. Jean arrête la voiture sur le bas-côté. Il ouvre la fenêtre. Le policier ne parle pas non plus anglais et il semble bien moins amical. Il fait comprendre qu'il veut les papiers du véhicule et nos pièces d'identité. Il va voir son collègue, nous les voyons s'énerver en lisant les papiers. Une nouvelle fois, le stresse monte dans le voiture. D'un pas déterminé et sur un ton sévère on nous fait sortir de la voiture. L'agitation des luxembourgeois est visible, la mienne aussi peut-être. Avant de sortir, Antoine nous dit que là on a vraiment des problèmes. Durant plusieurs minutes, mes deux compagnons tente d'expliquer la situation et ils s'énervent de plus en plus, les policiers aussi. Je décide d'intervenir, je leur montre tout d'abord sur la carte le chemin que nous avons parcouru. Lors du déjeuner, Jean nous avait demandé de rien noter sur la carte, je m'en réjouis maintenant. La situation reste tendue. Je cherche dans le guide linguistique le mot correspondant à "louer" je le trouve mais dans la section croate. Je montre le mot au policier le plus farouche. La situation se détend d'un seul coup. Ils ne comprenaient pas que le véhicule ne nous appartenait pas, ils pensaient certainement à un vol. Je regarde mon interlocuteur dans les yeux et je comprends dans ce qu'il nous dit et surtout dans son regard que nous pouvons repartir. Jean et Antoine ne comprennent pas tout de suite.
Ces policiers n'avaient pas les mêmes uniformes que les précédents car c'était des policiers serbes et ceux d'avant étaient croate je crois.

Ce dernier épisode a définitivement raison de mes intentions de les quitter. Je ne suis plus disposé à les laisser seul et à me retrouver seul non plus. Nous retournons directement à Sarajevo sans détour.


Troisième leçon que je retiens de cette aventure :
les émotions, c'est comme les cornichons, il faut savoir s'arrêter.