lundi 9 février 2009

Destination : la cité des amoureux

Pondichérry, Tamil Nadu, INDES

20-07-2008

Après un séjour de 10 jours à Bordor, mes pieds retrouvent les chaussures de randonné. Je laisse donc ce village et ses habitants derrière moi, la tete et le coeur encore reliés contrairement aux jambes qui me poussent de l'avant avec énergie.

Je ne repars pas les mains vides. Dans le grenier que j'ai rangé, j'ai trouvé un vieux bâton de randonné en bois. Je constate plusieurs trous de mites, il semble cependant solide; nous verrons bien combien de temps il durera.

Une fois encore, je me confronte au manque d'enthousiasme des italiens pour les auto-stoppeurs. Après plusieurs heures, je me résigne à prendre le train. Et je me propulse dans la journée jusqu'à Venise. Une grande motivation m'a gagnée à l'idée de rencontrer Jill, une artiste américaine qui séjourne dans la cité. Nous avons échangé quelques messages sur le Net avant le départ. Elle semblait très intéressée par mon projet et très désireuse de me rencontrer. Rencontrer un artiste vivant à Venise cela m'intéressait aussi.

Lors de l'escale à Milan, des policiers italiens, viennent me dire bonjour avec de grands sourires. J'en ai même vu qui jouaient avec des enfants sur la grande place devant la gare. En plus des policiers sympathiques, l'Italie est aussi le pays des couples qui s'enlacent, qui s'embrassent, se caressent et pleurent dans la rue en toute liberté.


Pendant longtemps, je ne prenais pas ce que l'on me donnait par peur de ne pouvoir rendre ou donner quelque chose en échange.
Oui, je sais cela n'a rien á voir avec le reste; c'est juste quelque chose que j´ai réalisé dans le train.


C'est en soirée et sous la pluie que j'arrive à Venise. La pluie était devenu présage de réconfort - depuis le début de ce voyage, après la pluie, un événement heureux se produisait. Cette fois-ci ce sera différent. Je commence dont par appeler Jill. J'apprends qu'elle ne peut pas m'héberger par manque de place. Nous fixons tout de même un rdv pour boire un verre ensemble le lendemain. Je me sens profondément déçu, cela ne se passe pas comme je l'avais imaginé – je me fais avoir encore une fois par mon imagination que je prends pour la réalité.

Après avoir constaté les prix exorbitant des logements – en comparaison de mon budget –, je décide de me rendre sur une plage pour passer la nuit. Dans le trainm un italien m'avait conseillé d'aller camper sur l'île de Lido. En chemin l'orage éclate et la pluie tombe à grosse gouttes. Je tourne en rond un bon moment pour trouver un emplacement pour la tente. Je demande la permission dans un restaurant qui semble gérer ce morceau de sable. On me donne l'autorisation bien que cela ne soit pas autorisé et si je décampe avant le levé du soleil. C'est comme cela en Italie certaines règles sont respectées d'autres non.

En cherchant un coin de terre – ma tente ne se plante pas dans le sable – je rencontre deux jeunes filles turques. Elles me racontent que leur tente a été volée ainsi qu'une bonne partie de leurs affaires. Je me propose de les aider; elles refusent. Plus tard dans la soirée, je retourne les voir pour m´assurer qu'elles vont bien car je m'inquiète et je veux faire quelque chose pour qu'elles se sentent mieux. Mon arrivé les réveille, elles ont peur. "WHAT? WHAT?" crie l'une d'elles. Je tente de lui expliquer que je veux juste les aider. Elles sont trop effrayées pour comprendre. Je les laisse, ça me semble la seule chose à faire.


J´ai là un bel exemple que l'on ne peut pas aider les autres s'ils ne veulent pas. On peut même arriver au résultat opposé. Je note aussi avec intérêt que la peur a empêché que la situation s'améliore.


21-07-2008

La nuit se passe normalement. La tente est ramassée alors qu'il fait encore nuit. J´assiste à un joli levé de soleil en prenant le petit déjeuner – des céréales avec de l'eau. Les deux filles turques sont toujours là. Je décide de les laisser venir me parler si elles le désire. Elles ne viendront pas.

Le rdv avec Jill est en début d'après-midi à l'autre bout de la ville. Je traverse donc Venise à pied. L'ambiance est fatiguante; je croise des groupes de touristes excités à chaque coin de rue – cela se comprend, on ne visite pas Venise tous les jours. De plus il fait trop chaud. Je n'arrive pas à apprécier.

Je retrouve Jill; je n'accroche pas. Je pense que c'est du à mon état d'esprit; je ne prends même pas la peine de lui dire qu'elle parle trop vite pour que je puisse bien comprendre ce qu'elle me raconte. Nous restons moins d'une heure ensemble avant que je décide de quitter cette ville.


"La colère cache toujours de la souffrance."
Eckhart Tolle, "Le pouvoir du moment présent".