jeudi 17 mars 2011

Chez Rositsa

Le 19 août 2008, Sofia


Pour commencer aujourd'hui, j'ai envie de vous montrer des photos.

Après les églises catholique de France et d'Italie, où j'y trouve repos lors de mes longues journées de marche, mes premières expériences dans la mosqué de Sarajevo, je m'approche d'une église orthodoxe... lors de ces premiers essais, je n'y reste pas bien longtemps, la dévotion, les nombreux icones, les lumières... je ne sais pas bien, je m'y trouve mal à l'aise.

Rapidement, je m'en remets en traversant un parc, où je tombe amoureux d'une danseuse aux courbes envoûtantes qui ne bouge pas...
...je passe des heures dans ce parc, assis sur un banc à contempler mon amoureuse.

Je n'oublie pas que je cherche quelque chose d'autre...

...mais je finis toujours par revenir admirer ma jolie fleur.

Voilà pour les photos, maintenant place à ma petite histoire...

Dans le dernier épisode, je me trouvais à Sofia, en Bulgarie, je venais d'accepter d'être logé par Rositsa une femme charmante d'une cinquantaine d'années. Elle me laisse son appartement qu'elle n'occupe plus car elle vient de se marier et habite chez son mari maintenant. Nous nous voyons de temps en temps pour manger ensemble ou boire un verre.


J'apprends rapidement qu'elle est orthophoniste, à cette annonce, plein d’images, d’odeurs de sons, me reviennent. Je repense aux nombreuses visites que j’ai faites chez mon orthophoniste, Madame Bernard, entre l’âge de 4 et 9 ans : l’épisode de X-OR que je ratais à la télé, le trajet en Ami 8 blanche, la rue avec la bosse où je demandais à maman d’aller plus vite pour sentir mon cœur se décrocher, le vieil appartement humide du haut de la rue de Siam à Brest, la sonnette ronde et noir au dessus de ma tête, la grande porte en bois marron brillant, le vieux plancher où je jouais, en attendant que Madame Bernard vienne me chercher. J’aimais bien Madame Bernard, je lui dessinais des « Lucky Luke » qui faisaient des têtes de mort avec la fumée de cigarette. Entre deux Lucky Luke, elle m’apprenait à faire la différence entre le ‘be’ et le ‘pe’, entre le ‘fe’ et le ‘ve’; je beux donc pien la remercier.

Je passe ainsi de longues journées, seul, dans cet appartement, à me préparer à manger, à me reposer, à écrire, lire, me promener et pratiquer le yoga. L’appartement est rempli de livres en Français sur la communication et l’enseignement.

Pour les marins curieux qui n'ont pas le mal de mer, voici l'appartement en images et en mots

Je passe également par une petite période de blues. Je reprends contact avec la vie normale. Je vais à la piscine, je me baigne avec un slip parce que je n'ai pas de maillot, je crains que l’on me fasse la remarque mais personne ne me dit rien. Je passe une après-midi dans une grande galerie marchande. Je vais voir un film au ciné, j'ai oublié ce que c'était, un truc d'action américain. Ce film a le mérite de me rappeler pourquoi je suis là.


Rositsa, ma logeuse, édite aussi des livres en Français en Bulgarie. Elle m’offre un livre de haïkus – petits poèmes d’origine japonaise très courts – Il me semble alors évident que le moment est venu de donner de mes nouvelles à Noël et Catherine, le couple d’amis qui m’a hébergé pour la première étape de ce long voyage. Noël lit et compose de nombreux haïkus. Voici son site si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet ~ haïkus de Noël ~. Après l’avoir lu, je leur envoie ce petit recueil.

Durant nos discussions avec Rositsa, elle me donne les coordonnées de Georgi qui habite dans les montagnes bulgares, ainsi que les coordonnées de Kalin, un bulgare aussi mais qui habite à Istanbul, en Turquie. Tout deux sont des « couch surfers ».

Elle m’indique aussi l’emplacement d’un monastère en Syrie, à mi chemin entre Alep et Damas. Je ne compte pas aller en Syrie mais le regard de Rositsa brille tellement lorsqu’elle m’en parle, en particulier au moment de la description de la bibliothèque et du père Paolo, un italien qui anime ce lieu. J'image une vieille bibliothèque en bois qui monte jusqu'au plafond. Rien que le nom de ce lieu, Mar Moussa, me fait rêver.

En partant, elle me donne un bracelet traditionnel. Elle me le noue au poignet et m’explique que lorsque je verrai une cigogne, je pourrai l’enlever et l’accrocher à un arbre tout en faisant un vœu. Malheureusement, ce n’était pas la saison des cigognes.

Elle me raconte aussi une histoire, plus ou moins légendaire, qu’à une certaine époque, les femmes bulgares n’arrivant pas à avoir d’enfants avec leur mari allaient dans la forêt à la rencontre d’un autre homme pour un seul accouplement et donner ainsi une chance à leur couple d’avoir un enfant. Ces hommes d’une fois doivent bien en vouloir à l’insémination artificielle, tout autant que ces maris doivent bien en être soulagés.

Les dernier mots que me dit cette nouvelle amie sont : « Je vais serrer les pousses pour toi», expression bulgare pour souhaiter bonne chance. Je monte dans un bus en direction des montagnes Rodopi, j’ai un point de chute chez Georgi à Devin dans quelques jours. D’ici là, je compte marcher dans la montagne.

Ah! Elle va se dessécher!
S'il vous plaît, s'il vous plaît, redonnez lui de l'eau, elle va faner!
Je n'ai maintenant plus aucune jolie fleur qui me retient, je peux m'en aller.

Dans la rubrique « que reste-t-il ? », des personnes me demandent ce qui reste de ce voyage mis à part la réponse classique "moi", voici celle d'aujourd'hui, c'est un e-mail d'Olivier, le français que j'ai croisé quelques minutes à Sarajevo sur les quais de la gare routière.

Salut Christophe !
Oui, je me rappelle de toi. Sais-tu que j'ai atteint une page de ton livre, qui était marquée d'un ticket de bus de Venise, alors que je me trouvais dans un bus à Venise (je n'avais d'ailleurs pas de ticket ...)
Je vais aller jeter un oeil sur ton blog. Ce voyage m'a beaucoup marqué, et ton livre, même si je ne l'ai pas fini, a beaucoup contribué à faire évoluer ma petite personne au cours de ce voyage.
Ici à Strasbourg, je suis musicien. La vie s'accélère, je bouge beaucoup et crée beaucoup aussi. Je me marie le 30 avril. Si tu le veux, tu es le bienvenu. Je me rappelle très bien de toi et je pense qu'un jour je suivrais tes pas jusque dans l'Himalaya.
Il semblerait qu'aujourd'hui soit un jour particulier où beaucoup de choses spéciales arrivent... Je revois des vieux copains ce soir, on refera le monde et tu feras partie de mes histoires.

Prends soin de toi et de ton vécu, des autres et de la beauté des voyages (tous).

A bientôt,

Olivier

PS : mon projet à moi est là : www.myspace.com/burningfausto

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